— Pourquoi
cette façade ? demanda-t-elle sans détour.
Allongé
à côté d’elle, il avait les yeux fermés.
— De
quoi parles-tu ?
— Je
parle de ce rôle que tu joues à la perfection quand tu fais
semblant d’être plus superficiel que tu ne l’es en vérité.
Il
resta silencieux durant un si long moment qu’elle le crut endormi.
Quand il répondit, elle était sur le point de s’abandonner au
sommeil.
— Pour
éviter qu’on attende trop de moi, marmonna-t-il avec lassitude.
Comme ça, on est moins déçu.
Le
résumé :
Responsable
de la sécurité du casino Bali Hai à Las Vegas, Crystal Debrowski
semble être la cible d’une sombre machination. Faux jetons en
circulation, systèmes de caméras détournés durant ses heures de
service, détournements de fonds… tout porte à croire qu’elle
est coupable ; tant et si bien qu’elle se fait licencier. Puis elle
disparaît. Pour Johnny Duane Reed, membre des Black OPS avec qui
Crystal entretenait une liaison, il n’y a aucun doute : la jeune
femme a été enlevée. Coupable potentiel : Yao Long, richissime
client du casino avec un faible pour les jolies filles, et
accessoirement à la tête d’un gigantesque trafic humain prenant
racine à Jakarta…
L'avis :
Attention
gros coup de cœur de La Chronique !
Tout
y est pour ne pas lâcher le livre des mains. Le rythme est sans
aucun temps mort et la romance est juste génialissisme !
Johnny
et Crystal (oui moi aussi j'ai tiqué sur les prénoms...) se ressemblent :
une peur maladive de l'attachement pour des raisons différentes. Ils
sont tous les deux d'accord là-dessus, le sexe et rien d'autres entre eux.
Alors
ils sont touchants de trembler devant les sentiments qu'ils
n'arrivent pas à freiner l'un pour l'autre. Et eux qui enchaînent les aventures sont tous nouveaux dans ce jeu terrifiant de l'amour.
Je dois dire que j'ai vraiment craquer
sur Johnny. Beau mais qui manque cruellement de confiance de lui. Il
préfère se blinder et se cacher derrière une façade
superficielle...mais attention la belle n'est pas dupe.
L'extrait :
Il
lui fallut du temps pour s’extraire de ce tourbillon de sensations
physiques incroyables qui l’avaient réduit à une masse de membres
en caoutchouc et d’os fondus. Quand il recouvra finalement ses
esprits, il fixa longuement le plafond du regard, en s’efforçant
d’ignorer les sentiments qui rôdaient dans sa poitrine.
Des
sentiments nouveaux qu’il avait fuis toute sa vie durant. Leur
puissance le paralysait – et l’effrayait plus que n’importe
quel tueur à gages. À ses yeux, ils étaient plus dangereux que la
pire des embuscades.
Un
léger ronflement s’échappait des lèvres entrouvertes de Crystal.
Sentant sa joue abandonnée sur son épaule, ses sentiments ne firent
que s’affirmer.
Il
la serra plus fort, dans un réflexe involontaire. Aussi essentiel,
sur le moment, que le besoin de respirer.
Mienne, se
dit-il une fois de plus, avant que l’angoisse ne vienne le
troubler. Mais qu’avait-il fait ?
Tu
tombes amoureux d’elle, espère d’andouille. La panique,
primaire et flagrante, fit accélérer les battements de son cœur et
lui donna le tournis.Jamais. Hors de question.
C’était
un effet secondaire de la fatigue. Rien de plus.
C’était
le contrecoup après l’avoir délivrée des griffes de Yao.
Tomber
amoureux d’elle ? Ah, ça, non ! C’était
risible ! Johnny Reed ne tombait jamais amoureux. Et il
savait exactement pourquoi, puisqu’il savait précisément ce qu’il
avait à offrir à une femme. La même chose que son père. Rien.
Rien hormis du chagrin, car c’était tout ce que son père donnait.
Aussi loin que ses souvenirs remontaient, on lui avait toujours dit
qu’il était la pomme qui n’était pas tombée loin de l’arbre
de Les Reed.
Un
bon à rien. C’était ainsi que son père le qualifiait.
C’était ainsi que tout le monde l’appelait. C’était donc
ainsi qu’il se voyait.
Et
il s’était montré à la hauteur de son surnom. Doué pour duper
son monde avec ses sourires en coin et son air de se moquer de tout.
Il savait exactement ce que les gens percevaient quand ils posaient
les yeux sur lui, à l’époque, et quand ils posaient les yeux sur
lui maintenant. Un regard de velours. Un joli garçon avec un ego de
la taille du continent américain. C’était une image qu’il
entretenait. Et cette attitude lui permettait de prendre le dessus –
à la fois sur le plan professionnel et personnel –, puisque la
plupart des gens le sous-estimaient. Et parce que, après tout, qui
pourrait bien avoir envie de le connaître vraiment ?
Dès
son plus jeune âge, il avait appris l’art d’être un caméléon.
Il avait appris à dissimuler ses vrais sentiments derrière son
sourire viril et sa démarche belliqueuse. Un enfant, qui a grandi
auprès d’un père violent et d’une mère trop occupée à
s’autodétruire pour remarquer que son fils porte encore plus de
bleus qu’elle, apprend à simuler, à s’arranger de tout. Et il
avait appris très jeune, à coup de blessures au crâne. Les leçons
n’avaient pas manqué.
Mais
par-dessus tout, il avait appris à camoufler ses souffrances. Et à
prouver, au moins à lui-même, qu’il n’était pas qu’un
punching-ball et une source de déceptions pour son père.
L'extrait :
Il
serra les dents de colère, reprenant soudain ses esprits. Alors,
sans réfléchir, il cracha tout ce qu’il avait sur le cœur, plus
violemment que de raison.
— C’est
à cause de ce qui s’est passé entre nous, dans ce lit.
Elle
cligna les yeux. Elle regarda le lit, puis se tourna vers lui.
— Quoi…
exactement ? demanda-t-elle, plus par méfiance que par simple
curiosité.
— C’est
justement ma question.
Il
redressa le menton et, sans comprendre pourquoi il se faisait
l’impression d’être la victime des deux, il céda à une colère
qu’il trouvait justifiée.
— C’était
quoi, en vérité ? reprit-il.
Elle
haussa les épaules et le considéra avec lassitude.
— C’était
comme toujours entre nous. Du sexe. Une superpartie de jambes en
l’air.
Il
lui lança un regard noir. Très bien. Il avait eu sa réponse. Il
termina de préparer ses bagages.
— Est-ce
que… je ne sais pas… aurais-je raté quelque chose ?
demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Un
long regard scrutateur lui confirma qu’il était le seul à avoir
un problème et il secoua la tête.
— Absolument
rien, grommela-t-il, sans savoir ce qu’il avait espéré l’entendre
dire – ce qu’il voulait qu’elle dise.
Quoi ?
Avait-il cru qu’elle allait lui déclarer sa flamme ? Il était
temps de redescendre sur terre.
Il
ne voulait pas s’aventurer sur ce territoire. Si bien qu’il
aurait dû être soulagé qu’il en soit de même pour elle. Et
pourtant, il était très en colère.
— Remballe
tes affaires, petit gars, marmonna-t-il en évitant son regard
interrogateur parce qu’il se savait incapable d’expliquer son
comportement.
Il
n’était même pas capable de se l’expliquer à lui-même.
— Nous
avons un train à prendre.
L'extrait :
— Fais-moi
l’amour, chuchota-t-elle, d’une voix qui résonna comme une
caresse dans le silence.
Sa
réaction fut immédiate et profondément touchante. Avec les bruits
secrets et atténués de la nuit pour seuls témoins, il s’approcha,
l’embrassa longuement puis se glissa là où il se sentait à sa
place.
Et
de nouveaux bruits résonnèrent dans la nuit.
Des
respirations saccadées fidèles à la violence de leur désir.
De
longs soupirs exprimant leur incommensurable plaisir.
Chaque
élan les éveillait au lien indestructible qui se tissait entre eux.
Dans
la chaleur de la nuit, sans qu’ils aient prononcé un seul mot,
elle sentit que tout changeait entre eux. Jusqu’à ce moment, ils
avaient joué à l’amour, dansé prudemment autour de l’éventualité
d’un engagement. Mais alors qu’il s’enfonçait en elle, que ses
mouvements de va-et-vient se répétaient, les immergeant dans un
courant extrême, il rechercha son regard dans l’obscurité. Et ce
qu’elle vit dans ses yeux fit affluer ses larmes, car tout devenait
merveilleusement clair. Si clair qu’elle en pleurait. Le plus grand
joueur de tous les temps ne jouait plus.
Il
l’aimait. S’il n’avait pas de sentiments pour elle, il ne la
bouleverserait pas à ce point. Si ce n’était qu’un jeu, il ne
la toucherait pas vraiment.
Stupéfaite,
confuse, elle s’agrippa à lui tandis qu’il murmurait son nom
entre deux baisers intenses, authentiques, et les entraînait vers
une complicité inattendue et incroyable.