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lundi 24 août 2020

Les Triplets Gentry, Tome 1 : Match nul de Cora Brent



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Saylor…
Je ne sais même pas si l’amour existe vraiment. Après avoir fui l’ordure qui m’avait brutalisée, je suis retournée en Arizona. J’ai choisi une ville universitaire animée dans l’espoir de recommencer ma vie. Je ne m’attendais pas à le trouver là-bas. Cord Gentry… Ses frères et lui étaient des hommes durs, des puissantes forces de la nature que je connaissais depuis mon enfance. Il y a des années, Cord m’avait séduite pour ensuite me faire du mal. Je le détestais depuis ce temps. Et il est maintenant ici à se battre jusqu’au sang avec des hommes pour gagner de l’argent.
Cord a toujours été sans coeur et dangereux. Il n’est pas digne de confiance. Et je le veux tellement que j’en perds la tête.
Cord…
Ils nous appelaient «les Gentry, ces ordures de Blancs» jusqu’à ce que nous ayons fini par croire que c’était ce que nous étions. Notre famille squattait un appartement à la frontière d’une ville pénitentiaire depuis des générations. C’était un véritable trou. Nous avons connu une enfance infernale. J’ai vite appris que mes frères, Chase et Creed, étaient les seules personnes qui comptaient pour moi. Ils nous ont tous dit que nous étions méchants, que nous le serions toujours. Les horreurs du passé ont meurtri mon âme. Mais maintenant, je dois être une meilleure personne. Pour elle…





 


Nous n’étions pas des amis.
C’est la première vérité à reconnaître pour comprendre la passion chaotique que nous avons connue par la suite. Cord Gentry n’était pas mon ami, et il n’était vraiment pas dans mes pensées pendant que je fonçais dans l’étendue sombre de la Vallée de la mort dans une vieille Civic, la mâchoire encore douloureuse.
La nuit dans le désert est surnaturelle. J’ai respiré son doux parfum et j’ai savouré la force du vent chaud sur mon visage. Toutes les fenêtres de la voiture étaient grand ouvertes, car la climatisation avait cessé de fonctionner à l’été après ma première année à l’Université Oxy. Devin, dans un de ses moments faussement tendres, avait offert d’avancer l’argent pour payer les réparations, mais j’avais appris à me méfier de ses offres.
Avec précaution, sans presque y penser, j’ai posé mes doigts sur mon visage enflé. Il m’avait frappé sur le coin droit de ma mâchoire. Elle était enflée. J’aurai une ecchymos demain. Je le savais parce que ma peau pâle était particulièrement sensible et j’avais facilement des bleus. Je le savais aussi parce que cela s’était déjà produit. Ce souvenir a fait monter en moi de la rage envers ce que j’avais déjà pris pour de l’amour.
C’était le contraire jusqu’à ce que je le découvre.
Le pire était à quel point je m’étais trompée. Au début, il luttait juste un peu trop fort avec moi. Devin serrait mon poignet avec un sourire méchant jusqu’à ce que je crie, puis il retirait sa main innocemment en insistant pour dire qu’il ne savait pas qu’il m’avait fait mal.
Mais chaque fin violente doit commencer quelque part.
Regarde ce que tu m’as fait, enfoiré, lui avais-je dit d’un ton indigné la première fois que mon bras a porté la marque distincte de sa main brutale.
Devin avait paru consterné, ou du moins avait-il fait semblant de l’être.
Oh ! Chérie ! s’était-il exclamé en posant un baiser sur mon bras, puis en me déshabillant lentement.
Il avait vite trouvé une façon de m’amadouer, et j’avais fondu sous ses caresses. Mes doutes s’étaient évanouis. Il n’y avait rien de mal à cela, m’étais-je dit. Devin m’aimait. Il l’avait dit. J’avais toujours éprouvé tellement de dédain pour certaines autres femmes, des femmes comme celles que j’avais vues tituber dans ma ville natale d’Emblem, celles qui enduraient une violence après l’autre jusqu’à ce qu’elles finissent par se dire que c’était ainsi que cela devait se passer. Mais je n’étais pas comme elles. Je pouvais contrôler Devin.
La fois suivante que cela s’était produit, il avait pleurniché :
Désolé, Saylor, avec la moue honteuse d’un petit garçon, tandis qu’il me tenait serrée, trop serrée contre lui.
Puis, après m’avoir frappée fort parce que je n’étais pas d’accord avec ce qu’il pensait des repêchages dans la Ligue majeure de baseball, il s’était exclamé :
Ah ! Say, putain que je t’aime.
J’étais fâchée. Le visage fermé, je l’avais traité de connard, tandis qu’il avait essayé de m’enjôler en me murmurant des choses qui briseraient mon silence, comme il le savait très bien.
Say, avait-il murmuré en faisant glisser ses lèvres le long de mon cou et à l’endroit où sa main m’avait blessée, je t’aime.
J’étais demeurée furieuse, mais je l’avais tout de même laissé se pencher sur moi et me prendre comme il l’aimait le faire même si je savais que je ne pouvais pas jouir de cette façon. Il était brusque, et mon vagin était sec. Je n’étais pas prête, mais je l’ai tout de même laissé me pénétrer. Pendant que Devin grognait en s’emparant de mon corps, j’avais fixé le mur beige situé à quelques centimètres de mon nez et je m’étais mordu l’intérieur des joues pour me distraire. C’est à ce moment-là que j’avais pris conscience qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans tout cela.
Devin Berlin était incroyablement séduisant. Il était riche. Son père était un grand patron de la Vallée du silicium qui avait inventé une des infrastructures de la technologie personnelle : des cartes mères, des modems, quelque chose du genre. J’oubliais toujours les détails. J’ai aperçu le sourire arrogant de Devin par une journée ensoleillée de la Californie du Sud quand je lui ai apporté un café au lait à la table où il était assis.
J’avais passé un triste semestre. Je n’avais fait qu’étudier et servir aux tables. Ma bouche était sèche, et j’avais essayé de me dominer, tandis que son sourire s’étirait.
Veux-tu quelque chose ?
De la compagnie, avait-il dit en buvant son café et en tirant une chaise à côté de lui, certain que je m’assoirais.
Devin consacrait beaucoup de temps à muscler son corps bronzé. Il savait que l’effet était aussi addictif que du sucre. Je l’avais vu sur le campus. Il était vaniteux et musclé. J’avais presque envie de vomir à l’idée que j’étais devenue le genre de femme qui mouillait face à ces deux traits dont elle se fichait.
Cela a finalement changé quand il a fracturé mon nez.
Cela s’est produit le jour de la Saint-Valentin. Seigneur, il y a de quoi se pisser dessus devant l’ironie. La fête imaginaire de l’amour et du chocolat agrémentée d’un coup preste pour fendre votre visage en deux ! Je ne me souviens même pas de la raison : une dispute dans la voiture, quelque chose de banal et de stupide à propos duquel les couples se confrontent, puis qu’ils oublient par la suite.
Putain de merde ! avait-il gémi pendant que je tenais mon visage, en proie à l’agonie, et que je sentais le sang couler entre mes doigts. Saylor, je suis un monstre. Merde, je ne peux même pas croire que je viens de te faire cela. Je vais aller te conduire au poste de police, bébé. Tu dois déposer une plainte contre moi. Oh ! chérie. Ma douce Say. Je devrais aller en prison pour ce que je t’ai fait.
Mais j’avais secoué la tête malgré la douleur. La seule pire chose que l’état de mon nez en bouillie était de devoir en parler dans une pièce emplie de gens. De plus, je savais qu’il n’avait pas l’intention de me laisser porter plainte contre lui.
Non. Mais tu as intérêt à ne plus jamais me refaire cela, Devin. Je suis sérieuse, cette fois-ci. J’en ai assez.
Il s’était mis à pleurer.
Jamais plus, putain. Je t’aime, Saylor. Tu sais que je t’aime.
La voiture s’était arrêtée aux feux suivants. Devin avait glissé sa main sous ma jupe, entre mes cuisses. Je l’avais laissé faire. J’avais regardé par la fenêtre. Il ne faisait pas encore noir. À côté de nous, quatre hommes en Harley-Davidson regardaient avec curiosité mon visage ensanglanté. À voir leurs tatouages et leur allure sombre, j’avais deviné que c’était des hommes durs, des gars de bandes. Je me suis demandé s’ils frappaient eux aussi leur femme.
Nous vivions dans un immeuble en copropriété chic au bord de la plage qui était financé par le père de Devin. Lorsque nous y sommes arrivés, Devin s’était complètement immergé dans son rôle de petit ami aimant. Il m’avait aidée à laver mon visage, à enfiler un peignoir, puis il m’avait fait savoir combien il était dur avec moi. Même si je pestais contre la douleur, je l’avais laissé faire. Je l’avais laissé m’étendre sur le lit et écarter mes jambes, tandis qu’il enfilait un condom. J’avais observé son visage grimacer durant son orgasme et je n’avais rien ressenti. Mon cœur avait finalement commencé à se durcir. J’avais accueilli ce détachement.
Le lendemain, j’avais regardé d’un air sombre les bleus qui me donnaient un air de raton laveur sous la lumière crue de la salle de bain et j’avais serré mes poings. Les couples se disputent tout le temps. Je m’étais rappelé les disputes orageuses de mes parents. Ils se poignardaient à tour de rôle à coups de mots qui étaient douloureux à entendre. Je n’ai pas été surprise quand ils se sont séparés. Mais je n’entendais jamais des coups de poing frapper la peau. Il n’y avait jamais d’ecchymoses le lendemain.
J’avais plissé les yeux de dégoût en voyant mon reflet. Comment pouvais-je accepter cela et être capable de me regarder dans les yeux tous les jours ?
Je faisais de la planche à roulettes, expliquais-je avec un rire ridicule à tous ceux qui me le demandaient. J’ai foncé à toute vitesse dans un garage après quatre rasades.
Puis, je riais de nouveau, un rire bête qui paraissait répugnant, même à moi. Ensuite, ceux qui avaient pris la peine de me demander ce qui m’était arrivé au départ souriaient poliment et me tournaient le dos.
La vérité était trop humiliante. Je m’inquiétais plus de ce que ces bleus disaient de moi que ce qu’ils disaient de Devin. Seul Brayden le savait. Mais mon cousin et mon meilleur ami à vie habitait à presque 480 kilomètres de chez moi, en Arizona. Il menaçait à répétition de venir et de confronter Devin, mais cela risquait de causer un désastre nucléaire. Devin s’entraînait tous les jours pour être fort. Brayden n’avait pas donné de coups de poing depuis qu’il avait été tabassé sur le terrain de jeu de l’école par un des frères Gentry. J’avais supplié mon cousin de ne pas venir.
Saylor, avait-il supplié.
Je pouvais entendre la peur, la résignation et le dégoût dans sa voix. Je ne pouvais pas le blâmer. Personne n’était autant déçu de Saylor McCann que Saylor McCann. J’avais fait jurer à Brayden qu’il ne le dirait pas à mes parents. Ils ne savaient rien. Ils continuaient de vivre séparément à Emblem et ils travaillaient à la prison.
Tu mérites mieux, avait-il dit en toussant.
Il avait raccroché avant que je puisse répondre.
Je n’avais vraiment pas de réponse, ni pour Brayden ni pour moi. « Mieux » s’était avéré un concept flou en ce qui concerne le facteur masculin, en commençant par le salaud de l’école secondaire qui avait réussi avec des belles paroles à se glisser dans mon pantalon et dans ma virginité. Il y avait une raison pour cela, une raison bien pire que les hormones d’un jeune de 16 ans. Cord Gentry avait fait un pari. Et qu’avait-il ensuite fait, ce fils de pute ? Il avait ri à gorge déployée, et toutes les personnes que j’avais connues s’étaient pliées en deux pour être les premières à lancer les commérages.
J’imagine que tout le monde a un moment charnière dans sa vie d’adolescent, et c’était le mien. Je savais qui étaient les frères Gentry : des triplets nés dans une famille de dépravés. Ils étaient durs, séduisants et sauvages comme des loups. Ensemble, ils formaient un puissant trio qui dirigeait la jeunesse d’Emblem. J’avais essayé de ne pas faire partie des filles qui craquaient sans réserves pour leur beauté, leur bronzage et leurs larges épaules jusqu’à ce que Cord Gentry m’eût un jour remarquée et m’avait fait signe d’approcher avec un sourire sournois. Il ne m’avait pas fallu beaucoup de temps pour que je plie mes genoux et que je m’étende sur le plancher d’un garage sale. J’avais eu honte deux secondes après que tout avait été fini. Puis, cela s’était aggravé. Il s’est avéré que ce n’était qu’un jeu, une sorte de défi tordu des frères Gentry pour voir qui pourrait baiser la jeune McCann ringarde.
Cela s’est avéré une mauvaise période. Pour passer à travers, je n’avais que Brayden pour me tendre une boîte de papiers-mouchoirs après l’autre, tandis que nous étions assis sur le plancher de ma chambre aux murs lilas et que nous faisions jouer de la musique grunge du début des années 1990 avec une intensité religieuse. Mon cousin, un gentil garçon qui vait lui aussi vécu l’enfer à l’école secondaire, essuyait mes cheveux mouillés de morve et me regardait tristement. Il me disait la même chose qu’il me soupirerait dans le téléphone six ans plus tard.
Tu mérites mieux.
Dès que Devin a franchi la porte, ce soir, je savais qu’il était soul. Je savais aussi qu’il y avait encore de la violence en lui. Depuis le coup de la Saint-Valentin, il marchait sur la pointe des pieds, mais je sentais souvent qu’il prenait son mal en patience, comme un chat. J’allais recevoir mon diplôme dans deux jours et j’étais déjà à la recherche d’un appartement. Cela aurait été bien de trouver également un bon emploi. Le travail de serveuse n’était pas très payant, et le plus choquant, c’était que les employeurs n’étaient pas attirés par les étudiantes ayant une majeure en anglais avec une mineure en création littéraire. Mais je savais que je devais partir… bientôt, avant qu’il ne me frappe de nouveau. Il le ferait, j’en étais certaine.
Quand Devin m’a aperçue assise sur le canapé avec l’ordinateur portable sur les cuisses, il a souri. Mon cœur s’est arrêté. Oh ! cela semble si cliché, et je déteste profondément les clichés, mais il n’y a pas d’expression plus appropriée. Quand vous regardez le danger droit dans les yeux, votre cœur s’arrête vraiment. Puis, il se remet à battre furieusement.
À qui parles-tu, bordel de merde ? a-t-il balbutié.
J’ai abaissé le couvercle de l’ordinateur.
À personne, Dev. J’écris.
Il a lancé ses clés sur le comptoir de l’îlot de la cuisine et il a tendu sa main.
Donne-le-moi.
J’ai serré mon ordinateur contre ma poitrine. Je disais la vérité. J’avais écrit trois chapitres de mon nouveau roman, mais je ne les avais pas encore sauvegardés.
Non, lui ai-je dit en me levant.
J’aurais dû me sentir insuffisamment prête à combattre, là, debout, pieds nus, avec ma camisole et mon short, tandis que Devin Berlin emmagasinait beaucoup de force dans ses gros muscles. Il était soul, lent, mais il était encore dangereux.
Tu crois que j’ignore tout, a-t-il grogné, à propos de tous les gars avec qui tu couches, douce Say ?
J’ai fermé les yeux… douce Say… le surnom qu’il m’a donné. Avant, je le trouvais affectueux. Maintenant, il semblait mortel.
Je n’ai couché avec personne depuis notre rencontre. Tu le sais, Devin. Pourquoi ne vas-tu pas te coucher pour cuver ta paranoïa éthylique ? Nous en parlerons demain.
Ma voix luttait pour cacher mon stress. J’essayais de parler d’un ton neutre. Quelque chose, autre que mon nez, s’était déjà brisé en moi. Et en voyant Devin essayer, avec rage, de démêler dans sa tête cette trahison imaginaire, je me suis rendu compte que cette situation reviendrait toujours. Je n’avais pas d’autre choix que de partir. Et il n’y avait pas de meilleur moment que maintenant.