Après
quelques minutes, Justine se dit qu'il était temps pour elle de se
détacher de Jason, mais il ne semblait pas pressé de la libérer.
D'ailleurs, par où commencer ? Leurs membres, leurs mains, les
battements de leur cœur étaient soudés.
Le résumé :
Quand
Jason Black, le génial concepteur de jeux vidéo, a annoncé son
arrivée à Friday Harbor, Justine savait déjà que son auberge
allait accueillir un personnage insolite, réputé pour ses
bizarreries. Et en effet ! Végétarien, féru de bouddhisme, d'une
discrétion extrême, Black ne ressemble pas au millionnaire type. Et
surtout, Justine devine en lui une facette cachée, sulfureuse, qui
la fascine d'emblée. Se pourrait-il qu'avec cet homme énigmatique
elle ait enfin trouvé l'âme soeur ? Mais alors, il faudrait rompre
le sortilège qui, depuis sa naissance, lui interdit toute prétention
à l'amour et au bonheur
L'extrait :
Justine
reprit conscience par étapes. Le tambourinement de la pluie... la
douleur de ses muscles endoloris... le parfum et la douceur des draps
propres en coton. La lumière grise du matin s'immisçait sous ses
paupières. Elle garda les yeux résolument fermés. L'air de la
chambre était froid, mais une exquise sensation de chaleur pénétrait
son dos et l'arrière de ses jambes. Jason était auprès d'elle. Il
avait dormi tout habillé, sur les couvertures, enveloppé dans une
couette. Justine était en chemise de nuit, nichée dans les
oreillers.
Les
souvenirs de la soirée de la veille lui revinrent. Elle avait parlé
sans arrêt, mais Jason avait peiné pour saisir le sens de ses
paroles entre deux sanglots. Il l'avait bercée contre lui en
l'écoutant patiemment tandis qu'elle lui révélait ce qu'elle
n'avait jamais, de sa vie, confié à personne. Convaincu ou non, il
l'avait réconfortée au moment où elle en avait eu le plus besoin
et elle lui en était reconnaissante.
Encore
maintenant, elle n'en revenait pas que sa propre mère lui eût jeté
un sort maléfique. Un acte de manipulation, déguisé en amour.
Comment accepter une telle contradiction ?
— Ça
n'a aucun sens, en effet, avait-il concédé.
Il
semblait si sûr de lui que Justine avait failli le croire.
— Vraiment,
avait-elle chuchoté, la tête dans le creux de son épaule.
Angélique et Ambroisie prétendent que c'était pour mon bien.
Est-ce à dire que j'ai tort ? Que ma colère est injustifiée?
— Justine,
avait-il répondu en lui caressant les cheveux, quand quelqu'un
décrète « agir pour votre bien », c'est la garantie du contraire.
— À
vous entendre, vous êtes passé par là.