Éditeur :
J'ai lu
Sortie :
22
janvier 2014
384
pages
|
—
Tu
sais pourquoi c’est toi que je veux ? J’ignorais que j’étais
perdu jusqu’à ce que tu me trouves. J’ignorais que j’étais
seul avant la première nuit que nous avons passée tous les deux
dans mon lit. Avec toi, j’ai tout juste. Tu es celle que
j’attendais, Poulette.
La
nouvelle Abby Abernathy est une bonne fille. Elle ne boit pas, ne
jure pas,
et
elle possède le pourcentage approprié de cardigans dans son
armoire. Abby est persuadée d’avoir mis suffisamment de distance
entre elle et son passé, mais lorsqu’elle arrive à l’université
avec sa meilleure amie America, le chemin vers un nouveau départ est
rapidement mis à mal par « l’homme aux liaisons sans lendemain »
de l’université.
Travis Maddox est exactement ce qu’Abby a besoin d’éviter. Il passe ses nuits à gagner de l’argent avec ses poings sur le ring, et ses journées à l’université en tant qu’étudiant charmeur. Intrigué par la résistance d’Abby, Travis la prend au piège d’un simple pari, la forçant à entrer dans sa vie. S’il perd, il devra s’abstenir de toutes relations sexuelles durant un mois. Si Abby perd, elle devra vivre avec lui dans son appartement durant cette même période de temps.
Travis Maddox est exactement ce qu’Abby a besoin d’éviter. Il passe ses nuits à gagner de l’argent avec ses poings sur le ring, et ses journées à l’université en tant qu’étudiant charmeur. Intrigué par la résistance d’Abby, Travis la prend au piège d’un simple pari, la forçant à entrer dans sa vie. S’il perd, il devra s’abstenir de toutes relations sexuelles durant un mois. Si Abby perd, elle devra vivre avec lui dans son appartement durant cette même période de temps.
Il
me raccompagna jusqu’à ma porte ; je sortis mes clés, évitant
son regard. Sa main se glissa soudain sous mon menton et, du pouce,
il caressa mes lèvres.
— Est-ce
qu’il t’a embrassée ?
Je
m’écartai, surprise par la chaleur que ses doigts venaient de
provoquer en moi.
— Tu
sais vraiment t’y prendre pour bousiller une soirée formidable,
toi, hein ?
— Tu
as trouvé ça formidable alors ? Ça veut dire que tu as passé un
bon moment ?
— Je
passe toujours de bons moments avec toi.
Il
baissa la tête, les yeux rivés sur le sol.
— Est-ce
qu’il t’a embrassée ?
— Oui,
soupirai-je, agacée.
Il
ferma les yeux.
— Et
c’est tout ?
J’ouvris
la porte d’un mouvement brusque.
— Ça,
ça ne te regarde pas !
Travis
la referma et se mit en travers de mon chemin.
— J’ai
besoin de savoir.
— Non
tu n’as besoin de rien savoir ! Laisse-moi passer !
— Poulette
!
— Maintenant
que je ne suis plus vierge, tu penses que je vais m’envoyer en
l’air avec n’importe qui ? Merci !
— Mais
j’ai pas dit ça, merde ! C’est trop demander, un peu de
tranquillité d’esprit ?
— Et
en quoi cela te tranquilliserait-il de savoir si je couche ou non
avec Parker ?
— Tu
sais très bien pourquoi, enfin ! C’est évident pour tout le monde
sauf pour toi ! lâcha-t-il, exaspéré.
— Ben
c’est que je dois être la dernière des connes, alors. De mieux en
mieux, Trav.
Il
me prit par les épaules.
— Ce
que je ressens pour toi... c’est fou.
— Fou,
oui, je pense que c’est le mot, répliquai-je en me dégageant.
— J’ai
pas arrêté de repenser à tout ça ce soir, sur la moto, alors
maintenant, tu vas m’écouter.
— Travis...
— Je
sais qu'on est mal barrés, d’accord ? Je suis impulsif, je pars en
vrille sans prévenir, et je t’ai dans la peau comme jamais
personne auparavant. Tu agis comme si tu me détestais, et l’instant
d’après, tu as besoin de moi. Je ne fais jamais ce qu’il faut
comme il faut, et je ne te mérite pas... mais putain, je t’aime,
Abby. Je t’aime plus que je n’ai jamais aimé qui que ce soit ou
quoi que ce soit. Quand tu es près de moi, je n’ai plus besoin
d’alcool, ni d’argent, ni de combats, ni de baise facile. Je n’ai
plus besoin que de toi. Je ne pense qu’à toi, je ne rêve que de
toi. Je ne veux que toi.
J’avais
prévu de feindre l’indifférence, mais ce fut un échec total, et
mémorable. Comment le regarder de haut alors qu’il venait
d’abattre toutes ses cartes ? Le jour où nous nous étions
rencontrés, quelque chose avait changé en chacun de nous. Ce
quelque chose, sans que l’on sache ce que c’était, nous avait
rendus dépendants l’un de l’autre. Pour des raisons que
j’ignorais, j’étais son exception, et j’avais beau lutter
contre mes sentiments, il était la mienne.
Il
posa les mains sur mes joues et me regarda dans les yeux.
— Est-ce
que tu as couché avec lui ?
De
chaudes larmes me montèrent aux yeux tandis que je secouais la tête
négativement. Il plaqua ses lèvres sur les miennes et sa langue
glissa dans ma bouche sans hésitation. Incapable de me contrôler,
j’agrippai son tee-shirt et l’attirai contre moi. Il émit un
grognement sourd qui me vit vibrer, et me serra si fort que j’eus
du mal à respirer.
Puis
il s’écarta, à bout de souffle.
— Appelle
Parker. Dis-lui que tu ne veux plus le voir. Dis-lui que tu es avec
moi.
Je
fermai les yeux.
— Je
ne peux pas être avec toi, Travis.
— Mais
pourquoi, bordel ?
J’avais
peur de sa réaction quand il entendrait la vérité. Je me tus.
Il
eut un éclat de rire.
— Incroyable
! La seule fille que je désire ne veut pas de moi !
Je
déglutis, la gorge serrée. J’allais devoir m’approcher d’une
vérité que je m’étais efforcée d’ignorer ces derniers mois.
— Quand
America et moi sommes venues nous installer ici, l’objectif était
de prendre un nouveau cap. En tout cas, d’en changer. Les bagarres,
le jeu, l’alcool... voilà ce que j’ai laissé derrière moi.
Quand je suis à tes côtés... je retrouve tout ça, dans un paquet
cadeau tatoué et irrésistible. Je n’ai pas fait tout ce chemin
pour revivre le même cauchemar.
Il
me souleva le menton afin que je sois face à lui.
— Je
sais que tu mérites mieux que moi. Tu crois que je n’en suis pas
conscient ? Mais si une femme a été faite pour moi un jour... c’est
toi. Je ferai ce qu’il faudra, Poulette. Tu m’entends ? Je suis
prêt à tout.
Je
me détournai. J’avais honte de ne pas pouvoir lui dire toute la
vérité. C’était moi qui n’étais pas à la hauteur. Moi qui
ficherais tout en l’air, qui le détruirais. Un jour, il me
haïrait, et imaginer le regard qu’il poserait sur moi quand il
comprendrait m’était insupportable.
— J’arrêterai
les combats à la seconde où j’aurai mon diplôme. Je ne boirai
plus une goutte d’alcool. Le « Ils vécurent heureux et eurent
beaucoup d’enfants », je le réaliserai pour toi, Poulette. Si tu
crois en moi, j’en serai capable.
— Je
ne veux pas que tu changes.
— Alors
dis-moi ce qu’il faut que je fasse. Dis-moi, et je le ferai.
Envisager
une relation avec Parker n'était plus à l’ordre du jour depuis un
moment, et je savais que c’était à cause des sentiments que je
nourrissais pour Travis. Je réfléchis aux voies différentes que
mon existence pouvait prendre en cet instant - faire confiance à
Travis et me lancer dans l’inconnu, ou le repousser, et savoir
exactement à quelle vie m’attendre, une vie sans lui. Dans les
deux cas, la décision me terrifiait.
— Tu
peux me prêter ton téléphone ?
Travis
me regarda sans comprendre, fronça les sourcils, puis le tira de sa
poche et me le tendit.
— Bien
sûr.
Je
composai le numéro et fermai les yeux, écoutant la sonnerie.
— Travis
? Non mais ça va pas bien ? T’as une idée de l’heure qu’il
est ? répondit Parker.
Sa
voix était profonde et rauque, et je sentis mon cœur battre dans ma
poitrine. Je n’avais pas imaginé qu’il saurait que j’appelais
du téléphone de Travis.
Sans
que je sache comment, les mots sortirent de mes lèvres tremblantes.
— Je
suis désolée d’appeler si tard... enfin, si tôt, mais ça ne
pouvait pas attendre. Je... je ne viendrai pas dîner avec toi
mercredi.
— Mais
il est presque 4 heures, Abby, qu’est-ce qui se passe ?
— Je...
on ne va plus se voir, en fait.
— Ab...
— Je
suis... quasiment sûre d’être amoureuse de Travis.
Je
me tus, me préparant à sa réaction. Il y eut quelques instants de
silence stupéfait, puis il raccrocha.
Les
yeux rivés au sol, je rendis son téléphone à Travis. En relevant
timidement la tête, je lus sur son visage un mélange d’étonnement,
de stupéfaction et d’adoration.
— Il
a raccroché, dis-je avec une grimace.
Il
me scrutait, le regard plein d’espoir.
— Tu
m’aimes ?
— C’est
les tatouages, dis-je avec un haussement d’épaules.
Un
large sourire creusa ses fossettes, il me prit dans ses bras.
— Viens,
rentre avec moi à l’appart.
— Tout
ça pour m’attirer dans ton lit ? J’ai dû te faire une sacrée
impression, dis donc.
— La
seule chose que j’ai en tête, là, tout de suite, c’est te tenir
dans mes bras le restant de la nuit.
— C’est
parti !
L'extrait :
En me voyant, debout, seule au milieu du salon, Travis fut réellement surpris et se figea. Megan me n carda, un reste de sourire aux lèvres.
— Poulette
?
— Je
l’ai ! s’exclama triomphalement America en sortant de la chambre
de Shepley.
— Qu’est-ce
que tu fais là ? interrogea Travis.
Il
puait le whisky, et ma fureur submergea tout désir de feindre
l’indifférence.
— C’est
bon de te voir redevenu toi-même, Trav, Iachai-je, vibrante de
colère.
— On
allait partir, dit America en me prenant la main pour se diriger vers
la porte.
Déjà,
je sentais les larmes me piquer les yeux. Heureusement, la voiture
n’était pas garée loin. Cependant, je faillis tomber en arrière
quand quelque chose accrocha mon manteau. La main d’America quitta
la mienne, elle fit volte-face en même temps que moi.
Travis
avait attrapé un pan de mon manteau et le tenait fermement. Ses
lèvres et son col de chemise étaient couverts de rouge à lèvres.
— Où
vas-tu ? demanda-t-il.
Il
semblait à la fois ivre et perdu.
— Je
rentre chez moi, répondis-je en lissant mon manteau quand il le
lâcha.
— Et
qu’est-ce que tu fais ici ?
J’entendis
la neige crisser sous les pas d’America, qui revenait vers moi.
Shepley dévala les escaliers pour venir se placer derrière Travis,
fixant sa petite amie d’un regard inquiet.
— Je
suis désolée. Si j’avais su que tu serais là, je ne serais pas
venue.
— Mais
tu peux passer ici quand tu veux, Poulette, Je n’ai jamais dit que
je ne voulais plus te voir.
— Je
ne voudrais pas déranger... fis-je d’un ton fielleux avant de
lever les yeux en direction de Megan, Bonne fin de soirée, lançai-je
avant de tourner les talons.
Il
m’attrapa par le bras.
— Attends.
Tu es en colère ?
— Tu
sais quoi ? rétorquai-je en me dégageant. Je ne sais même pas
pourquoi je suis surprise.
Son
visage s’assombrit.
— Je
sais plus quoi faire avec toi. Je sais plus quoi faire ! Tu me dis
que c’est fini, je broie du noir, je pulvérise mon téléphone
pour m’empêcher de t'appeler toutes les cinq minutes, je joue la
comédie en faisant comme si tout allait pour le mieux afin que tu
sois contente... et tu te mets en colère ? Mais tu m’as brisé le
cœur, putain !
Ses
derniers mots résonnèrent dans la nuit.
— Travis,
tu es saoul. Laisse Abby rentrer chez elle, conseilla Shepley.
Mais
Travis m’agrippa par les épaules.
— Tu
veux de moi, oui ou non ? Tu peux pas continuer à me traiter comme
ça !
— Je
ne suis pas venue pour te voir, dis-je simplement.
— Je
n’ai pas envie d’elle, lâcha-t-il en me fixant intensément.
Mais je suis tellement malheureux...
Son
regard brillait, il pencha la tête pour m’embrasser.
Je
le repoussai, dégoûtée.
— Tu
as encore son rouge à lèvres sur la bouche, Travis.
Il
recula, sortit un pan de sa chemise et s'essuya. En voyant les
traînées de rouge sur le tissu blanc, il secoua la tête.
— Je
voulais juste oublier. Juste un soir, putain.
D'un
revers de main, j’essuyai une larme.
— Alors
ne te prive surtout pas pour moi.
Une
nouvelle fois, alors que je tentais de monter dans la Honda, il
m’attrapa par le bras. Soudain, America se rua sur lui et le roua
de coups. Il la regarda, d'abord interdit, puis stupéfait. Elle
frappa jusqu’à ce qu'il me libère.
— Laisse-la
tranquille, enfoiré !
L'extrait :
Travis
m’attrapa un poignet, puis l’autre. Je me penchai pour le mordre.
Il ferma les yeux, laissa échapper un grognement sourd quand mes
dents percèrent sa peau.
— Tu
peux tenter ce que tu veux, Poulette, j’en ai marre de tes
conneries.
Je
lâchai prise mais continuai à me débattre.
— Mes
conneries ?!? Laisse-moi descendre de cette putain de voiture !
Il
approcha mes mains de son visage.
— Je
t’aime, bordel ! Tu n’iras nulle part tant que tu n'auras pas
cuvé ta bière et qu’on n’aura pas discuté de tout ça !
— Mais
t’es le seul qui n’a pas encore compris !
Il
me lâcha enfin, et je croisai les bras. Le reste du trajet se fit
dans un silence absolu.
Quand
Donnie s’arrêta, je me penchai vers lui.
— Tu
veux bien me reconduire chez moi, Donnie ?
Travis
m’attrapa par un bras et me tira dehors, claqua la portière et me
hissa à nouveau sur son épaule.
— Bonne
nuit, Donnie ! lança-t-il avant d’entrer dans l’immeuble.
— Je
vais appeler ton père ! menaçai-je en désespoir de cause.
Il
éclata de rire.
— Il
me donnera une petite tape sur l’épaule et me dira que j’en ai
mis, du temps !
Il
eut du mal à ouvrir la porte, je me débattais trop.
— Arrête
un peu, on va jamais y arriver sinon.
Dans
l’appartement, il alla tout droit dans la
chambre
de Shepley.
— LÂ-CHE-MOI
! hurlai-je.
— Très
bien, dit-il en me jetant sur le lit. Dors, cuve, on parlera demain.
Entre
l’obscurité, la bière et la colère, je n’y voyais vraiment pas
grand-chose. Je cherchais une lampe à tâtons quand Travis alluma le
plafonnier. Son sourire satisfait acheva de me mettre hors de moi.
— Je
t’interdis de me dire ce que je dois faire ! criai-je en tapant du
poing sur le matelas. Je ne suis pas à toi, Travis !
Dans
la seconde qu’il lui fallut pour se retourner, le sourire laissa la
place à la fureur. Il se rua vers moi, posa les mains à plat sur le
lit et me fit face. Nos deux visages se touchaient presque.
— MAIS
MOI, JE T’APPARTIENS !
L'extrait :
— Dis
donc, t’es toujours aussi soupe au lait, ou est-ce que ça se
calmera quand t’auras compris que je ne cherche pas à me glisser
dans ta petite culotte ?
Il
posa les mains sur mes épaules, et je sentis ses pouces caresser ma
peau.
— Je
ne suis pas soupe au lait.
Il
se pencha, et murmura à mon oreille :
— Je
ne veux pas coucher avec toi, Poulette. Tu me plais trop.
L'extrait :
— Poulette ?
Je
fis un bond. Travis apparut, mal rasé, livide.
— Merde,
Travis ! Tu m’as fait peur !
— Si
tu répondais au téléphone quand je t’appelle, je serais pas
obligé de me cacher dans la pénombre.
— T’as
une de ces têtes...
— J’ai
eu une semaine difficile...
— Heu...
en fait, j’allais manger, là. Je t’appelle plus tard, d’accord
?
— Non.
Il faut qu’on parle.
— Trav...
— J’ai
dit non à Benny. Je l’ai appelé mercredi et j'ai refusé.
Il
y avait une lueur d’espoir dans son regard, qui disparut devant ma
réaction.
— Je
ne sais pas quoi te dire, Travis.
— Dis
juste que tu me pardonnes. Que tu veux bien de moi à nouveau.
Je
serrai les dents, m’interdisant de pleurer.
— Je
ne peux pas.
Le
visage de Travis se décomposa. J’en profitai pour le contourner et
continuer mon chemin, mais il me rattrapa et se planta face à moi.
— Je
ne mange plus. Je ne dors plus. Je suis incapable de me concentrer
sur quoi que ce soit. Je sais que tu m’aimes. Tout sera comme
avant, si tu acceptes de recommencer.
Je
fermai les yeux.
— Toi
et moi... ça ne peut pas fonctionner, Travis. Plus que toute autre
chose, tu es obsédé par l’idée de me posséder.
— C’est
faux. Je t’aime plus que ma vie, Poulette, dit-il, visiblement
blessé.
— Voilà
où je veux en venir. Tes propos n’ont pas de sens.
— Mais
si, ils en ont un. C’est la vérité.
— D’accord...
Alors dans quel ordre tu classes les choses exactement ? Il y a
d’abord l’argent, ensuite moi, ensuite ta vie ? À moins qu’il
n’y ait quelque chose avant l’argent ?
— Écoute,
je me rends bien compte que j’ai fait une connerie. Je comprends
ton point de vue. Mais si j’avais su que tu me quitterais, jamais
je n’aurais... je voulais juste pouvoir prendre soin de toi.
— Tu
l’as déjà dit.
— Je
t’en prie, ne fais pas ça. Je ne le supporte pas... ça fait trop
mal ! lâcha-t-il comme si un coup dans le ventre lui avait coupé le
souffle.
— C’est
fini, Travis.
— Ne
dis pas ça...
— Si.
C’est terminé. Rentre chez toi.
— Mais
c’est toi, chez moi.
Ses
mots me fendirent le cœur, j’eus à mon tour du mal à respirer.
— Tu
as fait ton choix, Travis, et j’ai fait le mien.
— Je
n’irai pas à Vegas, je ne reverrai pas Benny... Je compte finir
mes études. Mais j’ai besoin de toi. Vraiment besoin. Tu es ma
meilleure amie.
Dans
la pénombre, je vis une larme rouler sur sa joue. L’instant
d’après, il me tendit les bras et je fus contre lui. Ses lèvres
trouvèrent les miennes. Il me serra fort, puis prit mon visage entre
ses mains, soudain plus exigeant.
— Embrasse-moi,
murmura-t-il.
Je
gardai la bouche et les yeux clos, mais sentis que je me détendais à
son contact. Il me fallut toute la volonté du monde pour ne pas
répondre à son baiser et dévorer ces lèvres qui m’avaient tant
manqué.
— Embrasse-moi
! supplia-t-il. S’il te plaît, Poulette ! Je lui ai dit non !
Quand
je sentis ses larmes chaudes sur mon visage froid, je le repoussai.
— Laisse-moi
tranquille, Travis !
Je
n’avais pas fait deux pas qu’il m'attrapait par le poignet. Je ne
me retournai pas. Quand je fus tirée en arrière, je compris qu’il
s’était laissé tomber à genoux.
— Je
t’en supplie, Abby. Ne fais pas ça.
Je
finis par faire volte-face. Il me tendait les bras, comme à
l’agonie. Mon regard se posa alors sur mon surnom en lettres
épaisses et noires, au creux de son poignet. Je m’en détournai.
Il m’avait prouvé ce que j'avais redouté dès le début : il
aurait beau m’aimer, chaque fois que l’argent serait de la
partie, je ne viendrais qu’en seconde position. Exactement comme
avec Mick.
Si
je cédais, soit il changerait d’avis au sujet de Benny, soit il
m’assommerait de reproches chaque fois que la gêne financière
l’empêcherait de mener une vie plus facile. Je l’imaginai ayant
un boulot d’ouvrier, rentrant à la maison avec les mêmes yeux que
Mick les soirs où il n’avait pas eu de chance. Ce serait ma faute
si son existence n’était pas conforme à ses rêves, et je ne
pouvais pas laisser les regrets et l’amertume auxquels j’avais
tourné le dos compromettre mon avenir.
— Laisse-moi,
Travis.
De
longues secondes s’écoulèrent avant qu’il ne me lâche le bras.
Je courus jusqu’à la cafétéria et ouvris la porte sans me
retourner. Dans la salle, tous les regards pivotèrent vers moi comme
je me dirigeais vers le buffet. Lorsque j’y arrivai, les gens
reportèrent leur attention vers l’extérieur. Sur le trottoir
Travis était à genoux et ne bougeait pas.