LE CŒUR L’EMPORTE TOUJOURS SUR LA RAISON. CELUI-LÀ, BIEN QU’IRRESPONSABLE, SUICIDAIRE ET MASOCHISTE, COMMANDE.
Un aller simple
pour nulle part…
Camryn n’a jamais voulu se contenter d’une petite vie tranquille. À vingt ans, alors qu’elle croit que son avenir est sur des rails, elle perd son petit ami dans un accident de voiture. Tout s’écroule. Cédant à un élan irrésistible, la jeune fille décide de tout plaquer pour aller voir ailleurs – et s’y perdre, avec un peu de chance.
C’est alors que son chemin croise celui d’Andrew, vingt-cinq ans, qui n’a pas été épargné par la vie lui non plus. Ces deux paumés font route ensemble et retrouvent ce qu’ils cherchaient sans le savoir : l’espoir. Camryn se sent vivre plus intensément depuis qu’elle a rencontré ce compagnon de route audacieux, drôle et incroyablement séduisant. Ce road trip improvisé marque le début d’une nouvelle existence exaltante. Mais l’insaisissable Andrew cache un secret qui pourrait faire de ce voyage le dernier.
Camryn n’a jamais voulu se contenter d’une petite vie tranquille. À vingt ans, alors qu’elle croit que son avenir est sur des rails, elle perd son petit ami dans un accident de voiture. Tout s’écroule. Cédant à un élan irrésistible, la jeune fille décide de tout plaquer pour aller voir ailleurs – et s’y perdre, avec un peu de chance.
C’est alors que son chemin croise celui d’Andrew, vingt-cinq ans, qui n’a pas été épargné par la vie lui non plus. Ces deux paumés font route ensemble et retrouvent ce qu’ils cherchaient sans le savoir : l’espoir. Camryn se sent vivre plus intensément depuis qu’elle a rencontré ce compagnon de route audacieux, drôle et incroyablement séduisant. Ce road trip improvisé marque le début d’une nouvelle existence exaltante. Mais l’insaisissable Andrew cache un secret qui pourrait faire de ce voyage le dernier.
La plupart des
avis que j'ai pu lire sur ce livre ont tendance à l’encenser.
C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a donné envie de le
lire.
Cependant, je me connais, dès qu'on crie au livre culte, moi j'ai tendance à ne pas abonder dans le même sens. Et pour cause à tant mettre sur un pied d'Estale un livre on a tendance à ne pas être impressionner par la hauteur tant on l'espérait vertigineuse.
Cependant, je me connais, dès qu'on crie au livre culte, moi j'ai tendance à ne pas abonder dans le même sens. Et pour cause à tant mettre sur un pied d'Estale un livre on a tendance à ne pas être impressionner par la hauteur tant on l'espérait vertigineuse.
Ici mon avis est
mitigé.
Pourquoi ?
Le livre est lent
à partir. La rencontre entre les deux héros aurait pu se faire
plutôt à mon sens. Mais bon dès que c'est chose faite, on voit que
l'alchimie fonctionne entre eux et pour le coup on est vraiment
captivé.
L'histoire m'a
vraiment plu avec des vrais beaux moments et puis quand leur périple
commence à prendre fin, je vois bien qu'il va y avoir un
rebondissement. Et quel rebondissement ! Alors là je me suis
demandée ce qu'il était passé par la tête de l'auteur pour
infliger cet élément larmoyant dans un récit qui n'est pas déjà
tout rose à la base.
Et je dirais que
sans ce rebondissement j'aurais adoré le livre mais c'était
l'élément de trop dans tous les sens du terme.
Donc mon avis est
vraiment mitigé. Je le conseille car c'est vraiment une belle
histoire même si je ne cautionne pas ce type de fin qui n'est pas du
tout ma tasse de thé.
Comme d'habitude,
j'ai sélectionné les passages qui m'ont le plus marqué.
JE
SUIS INCAPABLE DE LUI REFUSER QUOI QUE CE SOIT QUAND ELLE ME REGARDE
COMME ÇA. COMMENT LUI DIRE non ? Peu m’importe
qu’elle me propose de dormir dans un champ plein de bouses ou sous
un pont à côté d’un clochard ivre mort : je dormirais
n’importe où avec elle.
C’est
justement le problème.
C’en
est devenu un à la seconde où elle est venue se coller à moi dans
la voiture. C’est à cet instant qu’elle a changé, je crois que
c’est là qu’elle a commencé à penser qu’elle attendait autre
chose qu’un cunnilingus. J’aurais pu le lui accorder à
Birmingham, mais je ne peux pas la laisser aller plus loin. Je ne
peux pas la laisser me toucher, et je ne peux pas coucher avec elle.
J’ai
vraiment envie d’elle, mais je ne supporte pas l’idée de lui
briser le cœur ; son petit corps, c’est autre chose. Ça, je
veux bien le malmener. Mais si elle me laisse la posséder, je sais
que je finirai par lui briser le cœur. Et le mien avec.
C’est
encore plus dur depuis qu’elle m’a parlé de son ex…
— S’il
te plaît, répète-t-elle une fois encore.
Malgré
mes bonnes résolutions, je lui caresse la joue du bout des doigts et
réponds :
— D’accord.
Comment
écouter la voix de la raison quand on désire quelque chose à ce
point-là ? Avec Camryn, j’ai l’impression d’envoyer chier
la raison plus souvent qu’à l’habitude.
Je
roule encore une dizaine de minutes et finis par repérer un champ à
peu près plat, une plaine s’étendant à l’infini. Je me gare
sur le bas-côté. Nous sommes au beau milieu de nulle part. Nous
descendons de voiture, verrouillons les portières, laissant toutes
nos affaires à l’intérieur. Je cherche la couverture roulée en
boule au fond du coffre. Elle sent la vieille bagnole et l’essence.
— Elle
pue, préviens-je Camryn en reniflant l’étoffe.
Camryn
la hume à son tour et fait un peu la grimace.
— Oh,
je m’en fiche.
Moi
aussi. Bientôt, l’odeur de Camryn l’aura imprégnée.
Sans
réfléchir, je la prends par la main et nous traversons le fossé
jusqu’à la clôture. Je cherche le moyen le plus simple de la
franchir quand je sens les doigts de Camryn déserter les miens. Elle
est déjà en train de l’escalader.
— Vite !
me lance-t-elle en atterrissant, accroupie, de l’autre côté.
Je
ne peux me départir de mon sourire.
Je
saute la barrière sans hésiter, puis nous nous mettons à courir,
elle
gracieuse comme une gazelle, moi tel le lion chassant sa proie.
Ses tongs claquent contre ses talons à chacun de ses pas, et de
longues mèches blondes flottent dans son sillage. La couverture à
la main, je la laisse prendre un peu d’avance ; ainsi, si elle
tombe, j’aurai tout loisir de me moquer d’elle avant de l’aider
à se remettre debout. La nuit est tellement avancée que seule la
lune baigne le paysage. Cependant, elle est suffisamment lumineuse
pour nous éviter de mettre le pied dans une ornière ou de trébucher
sur une racine.
En
outre, je ne vois pas de vache, ce qui pourrait signifier que le
champ est vierge de bouse, un atout non négligeable.
Quand
je me retourne, nous sommes si loin de la voiture que je
n’entraperçois plus que le reflet argenté des jantes.
— Ici,
c’est bien, décrète Camryn en s’immobilisant.
Les
arbres les plus proches sont à trente ou quarante mètres.
Elle
lève les bras au ciel et bascule le menton en arrière, laissant la
brise la parcourir. Son sourire est immense, ses paupières closes ;
je n’ose parler, de peur de rompre son instant de communion avec la
nature.
Je
déroule la couverture et l’étale au sol.
— Dis-moi
la vérité, déclare-t-elle en m’attrapant le poignet pour me
forcer à m’asseoir à côté d’elle. Tu n’as encore jamais
passé une nuit à la belle étoile avec une fille ?
Je
secoue la tête.
— Non.
Cela
semble lui plaire. Je la regarde sourire tandis qu’un vent léger
s’invite entre nous, rapportant quelques mèches sur son visage.
Elle retire du bout du doigt les cheveux qu’elle a dans la bouche.
— Je
ne suis pas trop le genre de mec à répandre des pétales de rose
sur un lit…
— Vraiment ?
s’étonne-t-elle, un peu surprise. Pourtant, je te vois plutôt
comme un romantique.
Je
hausse les épaules.
Est-ce
qu’elle part à la pêche aux infos ? Je pense que oui.
— J’imagine
que ça dépend de ta définition du romantisme, concédé-je. Si une
fille s’attend à un dîner aux chandelles avec un crooner en fond
sonore, elle s’est trompée d’adresse.
Cela
la fait pouffer.
— Euh…
c’est un poil trop romantique, dit-elle. Mais je parie que tu as
déjà eu des attentions charmantes.
— Sans
doute, admets-je, même si rien ne me revient.
Elle
me contemple, la tête légèrement inclinée.
— Tu
en fais partie.
— Partie
de quoi ?
— De
ces mecs qui n’aiment pas parler de leurs ex.
— Tu
veux que je te parle de mes ex ?
— Bien
sûr.
Elle
s’allonge sur le dos, remontant ses genoux nus, puis tapote la
couverture à côté d’elle.
Je
me mets dans la même position.
— Parle-moi
de ton premier amour, dit-elle.
Je
sais d’emblée que nous ne devrions pas avoir cette conversation,
mais puisque c’est ce qu’elle souhaite, je vais m’efforcer de
répondre à ses questions.
Ce
n’est que justice, après tout ce qu’elle m’a raconté sur
elle.
— Eh
bien, commencé-je en contemplant le firmament, elle s’appelait
Danielle.
— Tu
l’aimais ?
Elle
tourne la tête vers moi.
Je
garde les yeux rivés aux étoiles.
— Je
pensais l’aimer, mais je me trompais.
— Vous
êtes restés ensemble combien de temps ?
Je
me demande en quoi ça l’intéresse. La plupart des filles font de
telles crises de jalousie quand j’évoque mes ex que mon premier
réflexe est de me protéger l’entrejambe…
— Deux
ans, réponds-je. On a rompu d’un commun accord. On s’est tous
les deux mis à s’intéresser à d’autres personnes, et on s’est
rendu compte qu’on ne s’aimait peut-être pas tant que ça,
finalement.
— Ou
alors votre amour s’est tari.
— Non,
je crois qu’on n’a jamais été amoureux.
Je
la regarde enfin.
— Comme
tu le sais ? insiste-t-elle.
J’y
réfléchis un instant, scrutant ses prunelles à quelques
centimètres des miennes. Je sens jusqu’au dentifrice à la
cannelle dont elle s’est servie ce matin.
— Je
ne crois pas qu’on puisse cesser d’aimer quelqu’un, expliqué-je
enfin. (Cela l’intrigue.) Je pense que, quand on tombe
amoureux, vraiment amoureux,
c’est pour la vie. Le reste n’est qu’aventures et illusions.
— Je
ne t’imaginais pas si philosophe, fait-elle remarquer en souriant.
Je trouve ça très romantique.
Généralement,
c’est elle qui rougit, mais elle m’a eu cette fois. Je voudrais
ne plus la regarder, mais ne parviens pas à détacher mes yeux des
siens.
— Alors
de qui as-tu vraiment été amoureux, dans ce cas ?
persiste-t-elle.
J’étends
les jambes, chevilles croisées. Je joins les mains sur mon ventre.
Je me retourne vers le ciel et remarque du coin de l’œil que
Camryn en fait autant.
— Honnêtement ?
— Eh
bien, oui. Je suis curieuse.
Je
repère une constellation particulièrement lumineuse et réponds.
— Personne.
Elle
pousse un léger soupir.
— Allez,
Andrew. Tu m’as promis de dire la vérité.
— C’est
vrai, dis-je en pivotant la tête. Les rares fois où j’ai cru être
amoureux… Mais pourquoi on parle de ça ?
Camryn
tourne la tête à son tour. Son sourire l’a désertée. Elle a
l’air triste.
— Désolée,
je t’ai encore pris pour mon psy.
Je
fronce les sourcils.
— Comment
ça ?
Elle
se détourne. Sa tresse blonde glisse de son épaule et tombe sur la
couverture.
— Parce
que je commence à penser que, peut-être, je ne… Non, je ne peux
pas dire ça…
Elle
n’est plus la Camryn joyeuse et souriante avec qui j’ai pris la
route.
Je
me redresse sur les coudes, la considérant avec curiosité.
— Tu
peux me dire tout ce que tu as sur le cœur. Peut-être que c’est
précisément ce qu’il te faut.
Elle
fuit mon regard.
— Mais
je me sens coupable rien que d’y penser.
— La
culpabilité est une chienne, mais tu ne crois pas que, si tu y as
pensé, c’est que ça pourrait être vrai ?
Elle
tourne enfin la tête.
— Dis-le.
Et si après t’être confiée tu te sens mal, tu n’auras plus
qu’à gérer ça. Alors que si tu gardes tout à l’intérieur, ça
risque d’être infiniment pire.
Elle
recommence à observer les cieux. Moi aussi, afin de lui laisser le
temps de réfléchir.
— Peut-être
que je n’ai jamais été amoureuse de Ian. Je l’aimais, vraiment
beaucoup, mais si j’étais sincèrement amoureuse… je crois que
je le serais encore.
— Pas
bête, réponds-je avec un faible sourire, en espérant qu’elle
retrouve le sien.
Je
déteste la voir chiffonnée.
Son
expression se fait songeuse.
— Et
qu’est-ce qui te fait croire que tu n’as jamais été amoureuse
de lui ?
Elle
se tourne vers moi et étudie mon visage avant de répondre :
— Parce
que, quand je suis avec toi, je ne pense presque plus à lui.
Je
me rallonge immédiatement pour contempler le firmament. Je pourrais
sans doute compter toutes ces étoiles, si j’essayais, juste pour
me changer les idées. Seulement, une certaine personne allongée à
côté de moi accapare toutes mes pensées et oblitère tous les
astres de l’univers.
Je
dois y mettre un terme, et vite.
— Je
sais que je suis de bonne compagnie, déclaré-je en riant. Et, grâce
à moi, ton petit cul s’est trémoussé sur le lit hier soir, alors
je comprends que tu aies du mal à songer à autre chose qu’à
accueillir de nouveau ma tête entre tes jambes…
J’essaie
simplement de reprendre notre petit jeu, dussé-je pour cela me
prendre un coup pour avoir rompu la promesse de faire comme si rien
ne s’était passé.
Et
elle me frappe en effet, juste après s’être redressée sur les
coudes comme je l’ai fait un peu plus tôt.
— Sale
con ! s’esclaffe-t-elle.
Je
ris de plus belle, enfouissant dans l’herbe le sommet de mon crâne.
Elle
se rapproche alors de moi, toujours sur un coude, et me contemple.
Ses cheveux soyeux me caressent le bras.
— Pourquoi
tu ne veux pas m’embrasser ? (Sa question me désarçonne.)
Hier, tu m’as léchée, mais pas embrassée. Pourquoi ?
— Qu’est-ce
que tu racontes ? Bien sûr que je t’ai embrassée, lui
rappelé-je.
— Pas
embrassée-embrassée.
Ses
lèvres sont si proches des miennes que je meurs d’envie de m’en
emparer. Je dois me faire violence pour ne pas passer à l’acte.
— Je
ne sais pas ce que je dois en déduire, reprend-elle. Je n’aime pas
ce que je ressens, mais je ne suis pas certaine de ressentir la bonne
chose.
— Eh
bien, tu n’as pas à te sentir mal, ça, c’est sûr.
Je
tâche de rester aussi évasif que possible.
— Mais
pourquoi ?
Son
expression se durcit.
Je
capitule et finis par admettre :
— Parce
qu’embrasser, c’est très intime.
Elle
incline la tête.
— Donc
tu refuses de m’embrasser pour la même raison que tu refuses de me
baiser ?
Je
me mets instantanément à bander. J’espère qu’elle ne s’en
rend pas compte.
— Oui.
Et
avant que je n’aie pu prononcer un autre mot, elle me grimpe
dessus. Merde, si elle ne s’était pas rendu compte de mon état
d’excitation, c’est désormais chose faite. Ses genoux
m’emprisonnent. Elle se penche vers moi, et je crois mourir quand
ses lèvres effleurent les miennes.
Elle
plonge les yeux dans les miens et déclare :
— Je
ne te forcerai pas à coucher avec moi, mais je veux que tu
m’embrasses. Juste une fois.
— Pourquoi ?
Il
faut vraiment qu’elle change de position. Merde… Le fait que ma
queue se retrouve plaquée contre ses fesses n’arrange pas mon
cas. Si elle reculait d’un ou deux centimètres…
— Parce
que je veux savoir l’effet que ça fait, répond-elle contre mes
lèvres.
Mes
mains remontent le long de ses cuisses et jusqu’à sa taille, où
je resserre les doigts. Elle sent divinement bon. Elle est
incroyablement douce. Et elle est assise sur moi. Je n’imagine même
pas ce que l’on doit ressentir en elle ; je deviens dingue à
cette seule évocation.
Puis
je la sens qui se frotte contre moi, d’un lent mouvement de
hanches, comme pour me convaincre. Elle s’arrête alors, pile sur
l’endroit sensible. Je palpite douloureusement. Ses yeux scrutent
mon visage et mes lèvres ; je n’aspire qu’à lui arracher
ses vêtements et à me perdre en elle.
Elle
se penche de nouveau et plaque sa bouche contre la mienne, y
introduisant la langue malgré mes réserves. J’accompagne
doucement son geste, goûtant nos salives qui se mêlent déjà. Nous
avons tous deux le souffle court. Incapable de résister davantage ou
de lui refuser ce baiser, je plaque mes mains sur ses joues et la
force à se rapprocher, lui dévorant les lèvres avec une avidité
peu commune. Elle gémit dans ma bouche et je l’embrasse de plus
belle, passant un bras dans son dos pour la plaquer contre mon corps.
Puis
nos bouches se séparent. Nos lèvres s’attardent, s’effleurant
pendant un long moment, jusqu’à ce qu’elle relève la tête et
me contemple d’un air énigmatique que je ne lui ai encore jamais
vu, infligeant à mon cœur une émotion encore inédite.
Puis
elle se décompose, et elle adopte une expression à la fois confuse
et blessée, qu’elle tente de dissimuler derrière un sourire.
— Avec
un baiser comme celui-ci, déclare-t-elle d’un ton enjoué qui
cache quelque chose, tu pourrais n’avoir jamais besoin de coucher
avec moi.
Je
ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire. C’est un peu
ridicule, mais je la laisse croire ce qu’elle veut.
Elle
retourne s’allonger près de moi, croisant les mains derrière la
tête.
— Elles
sont belles, pas vrai ?
Je
regarde les étoiles sans les voir vraiment ; je n’arrive pas
à penser à autre chose qu’à elle, et à notre baiser.
— Oui,
magnifiques.
Comme
toi…
— Andrew ?
— Ouais ?
Nous
gardons les yeux rivés au ciel.
— Je
tiens à te remercier.
— Pour
quoi ?
Elle
marque une pause avant de répondre.
— Pour
tout : pour m’avoir poussée à fourrer tes fringues dans ton
sac au lieu de les plier ; pour avoir baissé le son dans la
voiture pour ne pas me réveiller ; et pour ce karaoké ridicule
au Waffle House.
— Parce
que, grâce à toi, je me sens vivante.
J’accueille
ces paroles avec un sourire chaleureux, et me détourne avant de
répliquer :
— Tout
le monde a besoin de se sentir revivre une fois de temps en temps.
— Non,
répond-elle très sérieusement. (Je la scrute une fois encore.)
Pasrevivre,
Andrew : je me sens vivre pour
la première fois.
C’est
aujourd’hui que tout s’achève.
Je
n’aurais jamais dû laisser les choses en arriver là, mais, dans
mon délire, j’ai minimisé les sentiments douloureusement
interdits que j’éprouve à son égard. Je pense cependant qu’elle
s’en remettra ; nous n’avons pas couché ensemble, ni elle
ni moi n’avons prononcé ces trois mots à la con qui auraient tout
compliqué, alors ouais… elle s’en remettra.
Après
tout, elle ne m’a pas encouragé non plus. Je lui ai proposé les
choses clairement : « Si tu me laisses te baiser, tu
devras accepter d’être tout à moi. » Si ça n’était pas
une invitation flagrante, je ne sais pas ce que c’était. Certes
pas très romantique, mais ça avait le mérite d’être clair.
Je
règle mon verre et quitte le bar. J’avais juste besoin d’un truc
pour me donner du courage. Cela dit, pour trouver ce genre de
courage, il m’aurait fallu la bouteille. Je fourre les mains dans
mes poches et descends Bourbon Street, Canal Street, et d’autres
rues dont j’ai déjà oublié les noms. Je marche pendant des
heures, d’un coin à l’autre, sans direction ni but précis, un
peu comme lors de notre road-trip improvisé. J’avance, c’est
tout.
Je
ne pense pas essayer de gagner du temps en attendant la nuit, afin de
pouvoir entrer et sortir discrètement de ma chambre sans qu’elle
s’en rende compte ; néanmoins, je cherche clairement à me
laisser le temps de changer d’avis. Je n’ai aucune envie de la
quitter, mais je sais que je dois le faire.
— ANDREW ? TU
VAS BIEN ?
Je
le dévisage, croisant les bras alors que la porte se referme
doucement derrière moi.
J’étais
tellement inquiète… D’abord parce que je craignais qu’il ne
soit parti sans me dire au revoir, mais surtout à cause de l’état
d’esprit dans lequel il était quand il a pris la route ce matin. À
cause de la mort de son père.
Je
retiens mon souffle quand il me passe devant pour rejoindre ses sacs
posés sur le lit.
Pourquoi
ne m’adresse-t-il pas un regard ?
Je
jette un nouveau coup d’œil à ses affaires et comprends
immédiatement ce qu’il fabrique. Je laisse retomber mes bras le
long du corps et m’approche de lui.
— S’il
te plaît, parle-moi, lui dis-je avec douceur. Andrew, tu m’as
foutu la trouille… (Il fourre sa brosse à dents dans son sac marin
sans se retourner.) Si tu veux assister aux funérailles, c’est une
bonne chose. Je vais rentrer chez moi. Peut-être qu’on pourra
discuter…
Il
fait brusquement volte-face.
— Il
ne s’agit pas de l’enterrement, ni même de mon père, Camryn.
Ses
mots me blessent sans que j’en comprenne encore le sens.
— Alors
quoi ?
Il
se remet dos à moi, feignant de fouiller dans ses bagages alors
qu’il tente simplement de faire diversion. J’aperçois
l’enveloppe qui émerge de sa poche arrière. Les lettres RYN
apparaissent sur la partie visible ; nul doute que le CAM est
tourné vers l’intérieur.
Je
tends la main pour m’en saisir.
Andrew
se retourne alors, décomposé.
— Camryn…,
souffle-t-il tristement en baissant la tête.
— Qu’est-ce
que c’est ? m’enquiers-je en contemplant mon nom sur le pli.
J’ai
déjà soulevé le battant de l’enveloppe.
Andrew
ne répond pas, attendant que je lise le contenu de sa lettre,
sachant que je le ferai de toute façon.
Il
en a envie.
J’avise
les billets et les laisse à l’intérieur sans les toucher. Je sors
la feuille et dépose le reste au pied du lit. Tout ce qui m’importe,
c’est ce mot. Avant même d’en avoir pris connaissance, j’ai le
cœur brisé. Mes yeux se posent tantôt sur lui, tantôt sur
l’enveloppe. Je finis par me résoudre à lire la lettre.
J’ai
les mains qui tremblent.
Pourquoi
tremblent-elles ?
À
mesure que je découvre les mots qu’il a couchés, ma gorge se
serre. J’ai les larmes aux yeux ; des larmes brûlantes de
tristesse et de colère.
— Ma
belle, tu savais que ce voyage prendrait fin un jour.
— Ne
m’appelle plus « ma belle » ! aboyé-je en serrant
fermement le message. Puisque tu veux partir, tu n’en as plus le
droit.
— Je
sais.
Je
lui lance un regard noir. Je suis désespérée, mon esprit croule
sous les questions et l’incompréhension. Pourquoi suis-je si
furieuse, si dévastée ? Andrew a raison : il fallait bien
que ça se termine un jour, alors pourquoi est-ce que cela m’affecte
autant ?
Je
ne parviens plus à retenir mes larmes. Mais je n’ai pas
l’intention de me mettre à chialer comme un bébé. Je le scrute,
le visage fermé, consumée par le chagrin et la rage. En fermant les
poings, je froisse la moitié supérieure de la lettre d’Andrew.
— Si
tu partais de cette façon à cause de ton père, parce que tu avais
besoin de temps à toi, et que le numéro en bas était celui de ton
portable et non celui d’une réservation de billet d’avion, alors
je comprendrais. (Je brandis le message devant moi avant de laisser
retomber ma main.) Mais partir à cause de moi en agissant comme s’il
ne s’était rien passé entre nous… Andrew, ça fait mal. Ça
fait un mal de chien.
Sa
mâchoire tressaille.
— Putain,
qui a dit que je faisais comme s’il ne s’était rien passé ?
crache-t-il, manifestement piqué au vif par mes paroles.
Il
lâche la bandoulière de son sac et s’éloigne du lit pour se
rapprocher de moi.
— Je
n’oublierai jamais une seule seconde de ces deux dernières
semaines, Camryn ! C’est précisément pour ça que je ne me
sentais pas capable de te le dire en face !
Il
appuie ses propos de grands gestes.
Je
recule d’un pas. C’est au-dessus de mes forces. J’ai le cœur
en miettes. Et je me déteste de ne pas parvenir à retenir mes
larmes. Je contemple une nouvelle fois la lettre chiffonnée, puis le
contourne pour l’abandonner sur son lit à côté de l’enveloppe
et des billets.
— Très
bien. Vas-y, pars. Je me débrouillerai pour rentrer.
Je
m’essuie les yeux et me dirige vers la porte.
— Toujours
les jetons, dit-il dans mon dos.
— Tu
comprends que dalle ! hurlé-je.
Puis
j’ouvre la porte, laisse tomber par terre le double de sa carte
magnétique et retourne dans ma chambre.
Je
tourne comme un lion en cage. Encore. Et encore. J’ai envie de
défoncer un mur à coups de poings, ou de déchiqueter quelque
chose, mais je me résous à chialer comme une gamine.
Andrew
entre en trombe dans ma chambre, poussant si violemment la porte
qu’elle vient claquer contre la cloison. Il m’attrape par les
bras, me sert douloureusement les biceps.
— Pourquoi
tu as toujours les jetons ? !
Des
larmes sillonnent son visage, des larmes de fureur et de souffrance.
Il me secoue.
— Dis-moi
ce que tu ressens, merde !
Sa
voix tonitruante me tétanise un instant, puis je me libère d’une
secousse. Je suis perdue. Je sais ce que je veux lui dire. Je ne veux
pas qu’il s’en aille, mais…
— Camryn !
crie-t-il, aussi courroucé que désespéré. Dis-moi ce que tu
ressens ! Peu m’importe que ce soit dangereux, stupide,
blessant ou hilarant. Dis-moi juste ce que tu ressens !
Ses
mots me transpercent.
Il
ne s’arrête pas :
— Sois
honnête avec moi. Sois honnête avec toi !
(Il agite les mains dans ma direction.) Cam…
— J’ai
envie de toi, bordel de merde ! lui lancé-je. Rien qu’à
t’imaginer partir pour ne jamais te revoir, je saigne de
l’intérieur ! (J’ai la gorge en feu.) Putain, sans toi, je
n’arrive plus à respirer !
— Dis-le,
bordel ! insiste-t-il, exaspéré.
— Je
veux être avec toi !
Mes
jambes flageolent. Les sanglots font vaciller mon corps tout entier.
J’ai les yeux qui piquent et mal au cœur comme jamais.
Andrew
me tord les poignets d’une main. Sans douceur, il plaque mon dos
contre son torse.
— Dis-le
encore, Camryn, exige-t-il.
Son
haleine me réchauffe la nuque, me faisant trembler chaque membre. Il
me mordille juste sous l’oreille.
— Putain,
redis-le, ma belle.
Son
étreinte se fait douloureuse.
— Je
t’appartiens, Andrew Parrish… Je veux que tu me possèdes…
Il
enroule son autre main dans mes cheveux, tirant ma tête en arrière
pour me forcer à exposer mon cou. Il me mord le menton et la peau
tendre de ma gorge. Je sens sa verge durcir à travers nos vêtements.
— S’il
te plaît, chuchoté-je, ne me laisse pas partir…
Le
dos toujours plaqué contre son corps bandé, les poignets
prisonniers de sa main, je sens ses doigts glisser sous mon short et
ma culotte pour m’en dépouiller. Il me pousse vers le lit, où mes
genoux heurtent le matelas, et il me lève les bras au-dessus de la
tête pour remonter mon débardeur.
Je
ne me retourne pas en l’entendant se débarrasser de ses chaussures
et de ses vêtements. Je ne bougerai que lorsqu’il m’y
autorisera.
Ses
abdos durs comme le béton m’écrasent le dos. Ses bras puissants
s’enroulent autour de ma taille dénudée. L’une de ses mains
vient me pétrir un sein, l’autre plonge entre mes cuisses. Je
bascule la tête en arrière quand il introduit un doigt entre mes
lèvres palpitantes et me titille avec. Je suffoque, je cherche
désespérément sa bouche. Il darde la langue pour caresser la
mienne. Cette chaude moiteur me rend dingue. Il m’embrasse alors
voracement, si bien que nous nous retrouvons tous deux à bout de
souffle. Puis il me fait basculer sur le lit. Mes mains s’enroulent
dans les draps, mais la pression sur mon dos est trop forte et mes
bras ne peuvent plus soutenir mon corps. Il me ressaisit les poignets
et les tire dans mon dos tout en se plaquant puissamment contre moi.
— Putain,
baise-moi, Andrew. S’il te plaît…, supplié-je d’une voix
chevrotante.
Cette
fois, je n’hésite pas à parler, sans ses encouragements.
Et
cela me semble tellement naturel…
Andrew
pèse sur moi de tout son poids, me provoquant de son érection
vigoureuse et persistante. Je crève d’envie de l’accueillir en
moi, mais il me fait volontairement languir, me laissant croire qu’il
va me pilonner à chaque instant, sans jamais le faire.
Je
suis de nouveau parcourue de frissons quand la pointe de sa langue
trace un sillon sur ma nuque. Un côté de mon visage est plaqué au
matelas, mon corps entravé par le poids du sien. Je me mords la
lèvre en sentant ses dents s’enfoncer dans mon dos, suffisamment
fort pour me faire mal, mais pas assez pour entamer la peau. Puis il
embrasse et lèche chaque endroit endolori.
Andrew
me retourne comme si je ne pesais rien et me positionne au milieu du
lit. Il rampe entre mes jambes, les écartant des genoux afin de
m’exposer totalement. Il appuie les paumes à l’intérieur de mes
cuisses, m’empêchant de les refermer.
Ses
prunelles vertes soutiennent un instant mon regard avant de plonger
vers mon intimité ainsi offerte. Il m’explore lentement, remontant
du bout du doigt toute la hauteur de ma vulve, avant de contourner
mon clitoris. Je frémis et suffoque, me tortillant à chaque nouveau
contact. Il me lance un nouveau regard par en dessous et enfonce
profondément les doigts. Ma main vient rejoindre la sienne, et il me
laisse me toucher un instant avant de me repousser. Il me doigte
désormais furieusement, stimulant chaque zone érogène ; je
commence à m’agiter dans tous les sens, cambrée contre
l’oreiller. Puis, comme s’il me sentait sur le point de jouir, il
retire ses doigts pour me frustrer.
Il
grimpe alors à califourchon sur moi, embrassant, léchant et
mordillant ma peau, des cuisses jusqu’à la gorge. Là, il
emprisonne mes bras au-dessus de ma tête pour m’empêcher de
l’attraper. Son regard animal étudie ma bouche, puis mes yeux.
— Je
vais te baiser d’une force…, déclare-t-il. Tu n’imagines même
pas.
Ses
mots tracent un sillon de plaisir de mes oreilles à mon humidité
palpitante. Il me mord la langue puis m’embrasse avec fougue ;
nous mêlons nos souffles en gémissant tour à tour dans la bouche
de l’autre.
Sa
main droite redescend sans qu’il cesse de m’embrasser ; il
dirige son membre viril et trouve l’ouverture, me pénétrant juste
assez pour me faire perdre la tête. Je tends le bassin vers lui,
l’encourageant à s’enfoncer plus profondément. Je l’embrasse
plus avidement, parvenant enfin à caler une main à l’arrière de
son crâne. Je lui attrape si violemment les cheveux que je me sens
capable d’en arracher une poignée. Il s’en fiche, et moi aussi.
Il apprécie la douleur tout autant que moi.
Puis,
très lentement, afin que je perçoive bien la légère douleur
provoquée par chaque millimètre de progression, il disparaît en
moi. Je tends le cou, entrouvre les lèvres. Je hoquette, gémis,
réclame. Mes yeux me piquent tant, mes paupières sont si lourdes,
que je parviens à peine à les maintenir ouverts. Sa verge semble
enfler encore en moi, et mes cuisses tremblent autour de son corps.
Son
mouvement de va-et-vient est très doux, et je me force à arrondir
les yeux pour l’observer. Il saisit ma lèvre inférieure entre ses
dents et tire, puis y passe la langue sur toute la longueur.
Je
plaque ma bouche contre la sienne et, d’un coup de hanche, le force
à me pénétrer plus profondément.
Mes
jambes frémissent désormais de façon incontrôlable. Il accélère
ses va-et-vient, et je n’arrive plus à l’embrasser. Je me
cambre, décollant ma tête de l’oreiller, lui offrant ma poitrine
qu’il s’empresse de téter avec avidité. J’enroule les bras et
les cuisses autour de son corps, enfonce mes ongles dans son dos,
sentant la sueur qui y ruisselle. Je perce la peau. Cela semble
l’aiguillonner, et il me tringle de plus belle.
— Jouis
avec moi, me susurre-t-il à l’oreille en m’embrassant derechef.
Quelques
secondes plus tard, c’est l’extase. Pris de convulsions, mon
corps se contracte autour du sien.
— Ne
te retire pas, chuchoté-je pendant l’orgasme.
Et
il reste. Un gémissement rauque et tremblant prend naissance dans sa
poitrine quand la chaleur de sa semence se répand en moi. Je serre
les jambes autour de sa taille aussi fort que je peux, puis les
laisse lentement se détendre. Il ne s’arrête pas de pousser
jusqu’à ce que son corps se relâche.
Il
s’allonge alors près de moi, la tête sur mon cœur, ma cuisse sur
sa hanche. Nous restons ainsi, blottis l’un contre l’autre, à
reprendre notre souffle et nos esprits. Vingt minutes plus tard, nous
remettons le couvert. Et avant que nous nous endormions dans les bras
l’un de l’autre, il m’a fait découvrir des positions que je ne
soupçonnais pas.
Le
matin suivant, quand le soleil s’introduit entre les rideaux, il me
montre qu’il n’est pas toujours dur et agressif en me réveillant
à coups de tendres baisers. Il embrasse mes côtes une à une, puis
me masse le dos et les cuisses avant de me faire l’amour
tendrement.
Je
pourrais mourir ici même, entre ses bras, sans jamais m’en rendre
compte.
Je vous mets une vidéo de Stéphanie 8025