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mardi 12 mai 2015

La légende des loups, tome 1: l'empreinte du loup - Rhyannon Byrd

 


 
Il l’aida à se relever pour la deuxième fois et en profita pour frôler un sein rond et délicieusement ferme. L'avait-elle remarqué ? Sans doute, à en croire son expression sévère.








Torrance a l'impression de vivre un cauchemar éveillé. Mason, l'homme Qui vient de la sauver des êtres effrayants qui la traquent sans relâche, est lui aussi un loup-garou, une des créatures Qui hantent ses nuits depuis toujours. Pourtant, afin d'échapper à la terrifiante menace Qui pèse sur elle, elle accepte de le suivre, fascinée malgré elle par la force et le magnétisme Qu'il dégage. Bientôt, Mason lui révèle qu'elle est son " âme soeur " et que c'est ce lien Qui a attiré sur elle la vengeance des loups rebelles. Troublée par cet aveu, captivée par la beauté sauvage de l'homme-loup, Torrance se laisse peu à peu séduire. Mais tandis Que son amour grandit, Mason semble se détourner d'elle. Comme si le lien entre eux était trop fort, comme s'il craignait de la mettre en danger, en succombant à ses propres sentiments... 



Il est loin d'être le meilleur mais j'ai eu un tel coup de cœur pour le tome 3 que je voulais parler des autres tomes précédents. Je vous mets un extrait de la rencontre entre Mason et Torrance.






Mason ferma les yeux et compta lentement jusqu’à dix, en se répétant qu’il ne pouvait pas mettre en morceaux un de ses amis les plus proches, encore moins son partenaire Bloodrunner, et en tout cas pas au beau milieu d’un café bondé. Il en avait pourtant envie, au point de sentir un picotement lancinant au bout de ses doigts ; c’étaient ses griffes qui pointaient sous la surface de son épiderme.
Il lança un regard noir à Jeremy et, croisant les doigts pour que la foudre ne s’abatte pas sur lui, mentit sans honte.
Je crois que tu me connais assez bien, Burns, pour savoir que le jour où je ferai un croche-pied à quelqu’un, les poules auront des dents.
Dix minutes plus tôt, il aurait pu dire cela en toute sincérité, mais les choses avaient changé à une vitesse inouïe, et il savait bien que la raison de ce bouleversement se trouvait à côté de lui.
Eh bien, les coqs n’ont qu’à bien se tenir, dit Jeremy d’un air malin, parce que je t’ai vu lui faire un croche-patte.
Arrête.
Il n’osait même pas la regarder. Adhérerait-elle à sa version des faits ? Il était hors de question d’admettre ce qui s’était vraiment passé.
Je sais bien que les femmes tombent comme des mouches devant toi, mais je n’aurais jamais cru qu’un jour tu ferais un croche-pied à l’une d’elles pour la mettre à genoux…
Lançant un rapide regard en direction de la fille, Mason vit l’étincelle dans son regard laisser place à une expression de doute et de méfiance.
C'était un accident, marmonna-t-il.
Il l’aida à se relever, et elle se laissa faire avec réticence.
D’accord, c’est bon, murmura-t-elle en se penchant de nouveau pour récupérer son livre.
Il l’aida à se relever pour la deuxième fois et en profita pour frôler un sein rond et délicieusement ferme. L'avait-elle remarqué ? Sans doute, à en croire son expression sévère. Avec ses lunettes et cette tresse ridicule, elle ressemblait à une bibliothécaire enragée… et elle le foudroyait du regard. L'affront qui se lisait sur son visage était en complète contradiction avec la passion fiévreuse qu’il sentait bouillir juste en dessous de la surface sage et lisse.
Vous sentez tellement bon que j’ai envie de vous dévorer, lâcha-t-il d’une voix enrouée.
A l’instant où il s’entendit dire cela, il sentit son visage s’enflammer. Elle le dévisagea avec stupéfaction.
Jeremy lui décocha un regard appuyé, puis renversa la tête en arrière et partit d’un grand éclat de rire.
Bon sang, j’ai jamais rien vu d’aussi drôle… Mon vieux Mason, si tu pouvais te voir dans une glace…
Burns, ferme-la, d’accord ?
Depuis toutes ces années que je te connais, je ne t’ai jamais vu te rendre aussi ridicule devant une gonzesse.
Ce n’est pas une gonzesse ! lança-t-il sèchement.
Jeremy changea brusquement d’expression, comme si un interrupteur venait de s’enclencher dans son cerveau. Toute trace d’humour disparut de son visage, et il jura à voix basse. Il regarda tour à tour Mason et l’inconnue, puis il examina la jeune femme du sommet de son crâne jusqu’à ses adorables petites tennis. Enfin, son regard ébahi se reporta sur Mason.
Bon sang, Mason, dis-moi que tu plaisantes.
Arrête, Jeremy.
Il ne voulait pas avoir cette conversation ici, devant elle. Dieu seul savait ce que Jeremy allait dire.
Elle ne le mérite pas, poursuivit son ami en se rapprochant. Tout ça parce que tu veux te taper une…
Dernier avertissement, Jeremy. Boucle-la !
Mais son coéquipier refusait de se laisser intimider.
Fous-lui la paix, Mason. Elle n’a pas besoin d’être mêlée à ce genre de truc.
Elle a un prénom, lança la fille d’un ton irrité.
Puis, leur tournant le dos, elle s’accroupit et commença à ramasser les restes de son déjeuner. Les clients, de plus en plus nombreux, faisaient un détour pour éviter la zone de l’accident, trop pressés ou trop impolis pour proposer de l’aide. Mason savait qu’ils avaient également une autre raison de se tenir à distance. On lui avait déjà dit, à de nombreuses reprises, qu’il formait avec Jeremy un duo intimidant.
Il la regarda ramasser les restes de son déjeuner. Il était idiot, il aurait dû l’aider. Elle se releva en portant à bout de bras le plateau jonché de débris, puis regarda ses vêtements tachés en secouant la tête.
C'est charmant ! Tout le monde va croire que j’ai été agressée par un vampire.
Vous croyez aux vampires ? demanda Jeremy.
Certainement pas, rétorqua-t-elle, mais je dois être une des seules, chez Mick.
Qui c’est, ce Mick ? grogna Mason.
Aucune des possibilités qui se succédaient à toute vitesse dans son cerveau ne lui plaisait. Mick, le petit ami ? Mick, le voisin d’à côté avec qui elle s’envoyait en l’air tous les vendredis soir ? Mick, le mécano macho qui la faisait fondre chaque fois qu’il souriait ? Qui qu’il soit, Mason le haïssait.
Mick ? répéta-t-elle avec une moue irritée. C'est Michaela, ma patronne et ma meilleure amie.
Puis elle plissa les lèvres.
De toute façon, ça ne vous regarde pas.
Oh, mais si, ça me regarde.
Mason s’avança d’un pas en direction de la jeune femme. Elle le cloua sur place d’un regard dur.
Un geste de plus, et je me mets à hurler, dit-elle.
Bon sang, qu’est-ce qui lui prenait ? Il gâchait tout avant même d’avoir commencé. Evidemment, personne ne lui avait dit que la rencontre de son âme sœur le transformerait en gorille agressif et maladroit. Il ne valait pas mieux qu’un adolescent perturbé par ses hormones, incapable de voir au-delà du désir et de la possessivité qui embrumaient son cerveau.
Et, pour couronner le tout, il avait une subite envie de… d’apprendre à la connaître. De tout savoir sur elle. Ce qu’elle aimait manger. Sa couleur préférée. Les livres qu’elle lisait, les films qu’elle regardait, ses bêtes noires, ce qu’elle faisait pour s’amuser. Bref, cela ressemblait à s’y méprendre à une envie d’aller au-delà de l’intimité physique et de se diriger vers une relation plus approfondie.
Ce qui ne le réjouissait guère, car il n’avait aucune idée sur la manière de s’y prendre. Il était un Bloodrunner, nom d’un chien — il n’avait pas le temps d’« apprendre à connaître » qui que ce soit. Non qu’il ait vraiment le choix dans le cas présent. L'importance de faire bonne impression à la femme avec laquelle il était destiné à passer le reste de sa vie ne lui échappait pas — ni le fait que, pour l’instant, il était en train de tout gâcher en accumulant les impairs. Si Hennessey avait été dans le coin, il aurait pu lui demander conseil ; l’Irlandais s’y connaissait en stratégies de conquête féminine. D’un autre côté, laisser ce don Juan traîner autour de la femme de sa vie n’était sans doute pas une excellente idée. Quant à Burns, son comportement en société était aussi primitif que celui de Mason. Aucune aide à espérer de ce côté-là.
Apparemment, il allait devoir se débrouiller seul. Et improviser, ce qu’il détestait.
Il prit une profonde inspiration et tenta d’adopter un ton détendu qui signifiait « je suis un type cool, sympa, vous n’avez rien à craindre de moi ».
Ecoutez, je suis vraiment désolé. Ce n’est pas ma journée, aujourd’hui. Si j’allais vous commander autre chose à manger ? On pourrait bavarder un peu.
Voilà, c’était mieux, il avait réussi à sortir quatre phrases sans passer pour un imbécile ni dire à quel point il avait envie d’elle.
Mais l’expression de la jeune femme l’informa qu’elle n’était pas convaincue.
Bon sang ! Les choses allaient de mal en pis. Cela commençait même à ressembler à un fiasco complet. Il essuya du revers du poignet les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Lisait-elle dans son regard toute l’intensité de son désir… ou bien le prenait-elle pour un cinglé ?
Euh, dit-elle au bout d’un moment, ce ne serait pas un gag, par hasard ?
Un gag ? Comment ça ?
Qu’est-ce que j’en sais ? Pour une émission comique, peut-être ? Vous travaillez à la radio ?
Piqué au vif, Mason croisa les bras sur sa poitrine et foudroya la jeune femme du regard.
Est-ce que je ressemble à un présentateur de radio ?
Elle haussa délicatement les épaules et chassa une mèche auburn qui voletait devant ses yeux.
Aucune idée. En tout cas, il faut que j’y aille.
Il ouvrit la bouche pour essayer de la convaincre de rester, même si aucun argument ne lui venait à l’esprit. Malheureusement, ce fut le moment que Jeremy choisit pour intervenir.
Je te le répète, mec : elle ne mérite pas ça. Fous-lui la paix avant qu’on ait vraiment des ennuis.
Sans quitter la jeune femme des yeux, Mason murmura :
Impossible.
Du coin de l’œil, il vit Jeremy plisser les yeux. Ilcommençait à saisir la portée de ce que Mason disait… et de tout ce qu’il ne disait pas.
Bon Dieu, Mason… Si tu veux bien dire ce que je crois, raison de plus pour laisser tomber. Tu le sais. Tu ne peux pas prendre ce risque, alors qu’on est sur le point de coincer Simmons et qu’il nous surveille sans doute.
Et toi, tu sais très bien que je ne peux pas laisser tomber, rétorqua Mason à voix basse.
C'est fascinant, tout ça, dit la jeune femme, mais je dois vraiment y aller.
De toute évidence, le comportement de Mason et sa conversation avec Jeremy l’inquiétaient. Elle tendit son plateau au serveur qui se manifestait enfin, et s’éloigna de quelques pas.
J’allais vous remercier de votre aide, lança-t-elle en se retournant, mais c’est à cause de vous que je suis tombée. Enfin, merci quand même.
Laissez-moi une chance de m’expliquer. Je vous en supplie ! Je vous demande juste de m’écouter. On peut s’installer ici, à une table…
Alors qu’elle se détournait, Mason la rattrapa et lui prit le bras, faisant attention à ne pas trop le serrer. Entre ses doigts d’une force inhumaine, les os de la jeune femme lui parurent terriblement fragiles, ce qui éveilla en lui un désir de protection.
Je dois retourner au travail, murmura-t-elle en essayant de se libérer. Lâchez-moi avant que je sorte mon téléphone pour appeler les flics.
Je suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire ça, dit-il doucement.
Il essayait de garder un ton raisonnable… normal… même s’il savait qu’elle allait finir par avoir peur.
Je vous jure que je ne vous ferai aucun mal, d’accord ? Mais il faut absolument que je vous parle et, ensuite, que je vous fasse sortir d’ici.
L'expression de la jeune femme le fit tressaillir, et un terrible sentiment d’échec s’empara de lui. Elle allait l’envoyer promener. Et il la comprenait. A sa place, lui aussi aurait refusé de discuter avec un dingue pareil.
— Il faut que vous me fassiez sortir d’ici ? répéta-t-elle d’une voix lourde de sarcasme. Et vous comptez m’emmener où, exactement ?
Il sentait l’odeur de sa peur, et cela lui faisait horreur — il se haïssait de ne pas arriver à lui rendre les choses plus faciles, plus compréhensibles. Mais enfin, on ne pouvait tout de même pas accoster une femme humaine en lui disant : « Hé, je sens à ton odeur que tu es mon âme sœur, ce qui veut dire qu’on est liés l’un à l’autre pour le restant de nos jours et qu’on n’appartiendra jamais à personne d’autre. Ah, au fait, je suis croisé de loup-garou, je suis probablement en train de me faire filer par un salopard de rebelle que je suis chargé d’exterminer, et j’ai absolument besoin de coucher avec toi. Le plus souvent possible. » C'était le meilleur moyen pour récolter une gifle ou un coup de pied entre les jambes. Et, à en croire l’expression de la jeune femme, les deux étaient possibles.
D’une voix aussi rassurante que possible, Mason ajouta :
Je veux vous emmener… n’importe où, mais vous ne pouvez pas rester ici. Jeremy a raison, c’est dangereux. On ne peut pas prendre le risque de vous laisser à découvert alors qu’un meurtrier nous surveille.
Elle le regarda comme s’il venait de lui annoncer qu’il était Elvis Presley réincarné par des extraterrestres.
Ecoutez, si vous partiez et que vous me laissiez tranquille avant de vous attirer de sérieux ennuis ?
C'est absolument hors de question.
Elle secoua la tête, furieuse.
Vous ne venez pas de vous échapper d’un hôpital psychiatrique, par hasard ?
Classique, lança Jeremy en éclatant de rire. J’ai hâte de voir la tête que va faire ton vieux quand je vais lui raconter ça, Mase.
Ecoutez, tout ça est un peu trop bizarre pour moi. Pour la dernière fois, lâchez-moi. Maintenant !
Mason fit glisser sa main le long du bras de la jeune femme. Troublé par la douceur de sa peau, il s’attarda un instant sur son poignet et sentit son pouls s’emballer sous ses doigts. Elle avait peur. Sans la foule qui les entourait, elle se serait enfuie en courant depuis belle lurette. Elle s’était rassurée en se disant qu’il ne pouvait rien lui arriver dans ce genre d’endroit, mais elle commençait à changer d’avis.
Je sais que c’est bizarre à entendre, murmura-t-il, mais j’ai besoin que vous me donniez une chance. C'est tout ce que je vous demande. Si vous voulez à tout prix rester ici, laissez-moi m’asseoir à une table avec vous et je vous expliquerai.
Non.
Les yeux verts étincelant, elle tenta de s’arracher à son emprise et fit tomber le livre qu’elle avait coincé sous son bras. Mason vit un bout de papier s’échapper d’entre les pages et flotter vers le sol. D’instinct, il posa son pied dessus tout en cherchant quelque chose à ajouter. Il avait tant de choses à lui expliquer, à lui faire comprendre, pourtant il ne réussit à articuler qu’une seule recommandation.
Quoi que vous fassiez, ne vous mettez pas à courir.
Lâchez-moi tout de suite !
Elle avait élevé la voix ; les clients les plus prochess’étaient tus et les fixaient du regard. Mason sentit son ventre se contracter sous l’effet d’une rage froide, et de quelque chose qui ressemblait à du chagrin, mais il se força à lâcher le bras de la jeune femme.
Elle recula à pas mesurés jusqu’à la porte. Puis elle fit volte-face et se précipita au-dehors.
A la seconde où elle posa le pied sur le trottoir, elle s’enfuit à toutes jambes.