
Il
l’aida à se relever pour la deuxième fois et en profita pour
frôler un sein rond et délicieusement ferme. L'avait-elle remarqué
? Sans doute, à en croire son expression sévère.
Torrance a
l'impression de vivre un cauchemar éveillé. Mason, l'homme Qui
vient de la sauver des êtres effrayants qui la traquent sans
relâche, est lui aussi un loup-garou, une des créatures Qui hantent
ses nuits depuis toujours. Pourtant, afin d'échapper à la
terrifiante menace Qui pèse sur elle, elle accepte de le suivre,
fascinée malgré elle par la force et le magnétisme Qu'il dégage.
Bientôt, Mason lui révèle qu'elle est son " âme soeur "
et que c'est ce lien Qui a attiré sur elle la vengeance des loups
rebelles. Troublée par cet aveu, captivée par la beauté sauvage de
l'homme-loup, Torrance se laisse peu à peu séduire. Mais tandis Que
son amour grandit, Mason semble se détourner d'elle. Comme si le
lien entre eux était trop fort, comme s'il craignait de la mettre en
danger, en succombant à ses propres sentiments...
Il est loin d'être le meilleur mais j'ai eu un tel coup de cœur pour le tome 3 que je voulais parler des autres tomes précédents. Je vous mets un extrait de la rencontre entre Mason et Torrance.
Mason
ferma les yeux et compta lentement jusqu’à dix, en se répétant
qu’il ne pouvait pas mettre en morceaux un de ses amis les plus
proches, encore moins son partenaire Bloodrunner, et en tout cas pas
au beau milieu d’un café bondé. Il en avait pourtant envie, au
point de sentir un picotement lancinant au bout de ses doigts ;
c’étaient ses griffes qui pointaient sous la surface de son
épiderme.
Il
lança un regard noir à Jeremy et, croisant les doigts pour que la
foudre ne s’abatte pas sur lui, mentit sans honte.
—
Je
crois que tu me connais assez bien, Burns, pour savoir que le jour où
je ferai un croche-pied à quelqu’un, les poules auront des dents.
Dix
minutes plus tôt, il aurait pu dire cela en toute sincérité, mais
les choses avaient changé à une vitesse inouïe, et il savait bien
que la raison de ce bouleversement se trouvait à côté de lui.
— Eh
bien, les coqs n’ont qu’à bien se tenir, dit Jeremy d’un air
malin, parce que je t’ai vu lui faire un croche-patte.
— Arrête.
Il
n’osait même pas la regarder. Adhérerait-elle à sa version des
faits ? Il était hors de question d’admettre ce qui s’était
vraiment passé.
— Je
sais bien que les femmes tombent comme des mouches devant toi, mais
je n’aurais jamais cru qu’un jour tu ferais un croche-pied à
l’une d’elles pour la mettre à genoux…
Lançant
un rapide regard en direction de la fille, Mason vit l’étincelle
dans son regard laisser place à une expression de doute et de
méfiance.
— C'était
un accident, marmonna-t-il.
Il
l’aida à se relever, et elle se laissa faire avec réticence.
—
D’accord,
c’est bon, murmura-t-elle en se penchant de nouveau pour récupérer
son livre.
Il
l’aida à se relever pour la deuxième fois et en profita pour
frôler un sein rond et délicieusement ferme. L'avait-elle remarqué
? Sans doute, à en croire son expression sévère. Avec ses lunettes
et cette tresse ridicule, elle ressemblait à une bibliothécaire
enragée… et elle le foudroyait du regard. L'affront qui se lisait
sur son visage était en complète contradiction avec la passion
fiévreuse qu’il sentait bouillir juste en dessous de la
surface sage et lisse.
— Vous
sentez tellement bon que j’ai envie de vous dévorer, lâcha-t-il
d’une voix enrouée.
A
l’instant où il s’entendit dire cela, il sentit son visage
s’enflammer. Elle le dévisagea avec stupéfaction.
Jeremy
lui décocha un regard appuyé, puis renversa la tête en arrière et
partit d’un grand éclat de rire.
— Bon
sang, j’ai jamais rien vu d’aussi drôle… Mon vieux Mason, si
tu pouvais te voir dans une glace…
— Burns,
ferme-la, d’accord ?
— Depuis
toutes ces années que je te connais, je ne t’ai jamais vu te
rendre aussi ridicule devant une gonzesse.
— Ce
n’est pas une gonzesse ! lança-t-il sèchement.
Jeremy
changea brusquement d’expression, comme si un interrupteur venait
de s’enclencher dans son cerveau. Toute trace d’humour disparut
de son visage, et il jura à voix basse. Il regarda tour à tour
Mason et l’inconnue, puis il examina la jeune femme du sommet de
son crâne jusqu’à ses adorables petites tennis. Enfin, son regard
ébahi se reporta sur Mason.
— Bon
sang, Mason, dis-moi que tu plaisantes.
— Arrête,
Jeremy.
Il
ne voulait pas avoir cette conversation ici, devant elle. Dieu seul
savait ce que Jeremy allait dire.
— Elle
ne le mérite pas, poursuivit son ami en se rapprochant. Tout ça
parce que tu veux te taper une…
— Dernier
avertissement, Jeremy. Boucle-la !
Mais
son coéquipier refusait de se laisser intimider.
— Fous-lui
la paix, Mason. Elle n’a pas besoin d’être mêlée à ce genre
de truc.
— Elle a
un prénom, lança la fille d’un ton irrité.
Puis,
leur tournant le dos, elle s’accroupit et commença à
ramasser les restes de son déjeuner. Les clients, de plus en plus
nombreux, faisaient un détour pour éviter la zone de l’accident,
trop pressés ou trop impolis pour proposer de l’aide. Mason savait
qu’ils avaient également une autre raison de se tenir à distance.
On lui avait déjà dit, à de nombreuses reprises, qu’il formait
avec Jeremy un duo intimidant.
Il
la regarda ramasser les restes de son déjeuner. Il était idiot, il
aurait dû l’aider. Elle se releva en portant à bout de bras le
plateau jonché de débris, puis regarda ses vêtements tachés en
secouant la tête.
— C'est
charmant ! Tout le monde va croire que j’ai été agressée par un
vampire.
— Vous
croyez aux vampires ? demanda Jeremy.
—
Certainement
pas, rétorqua-t-elle, mais je dois être une des seules, chez Mick.
— Qui
c’est, ce Mick ? grogna Mason.
Aucune
des possibilités qui se succédaient à toute vitesse dans son
cerveau ne lui plaisait. Mick, le petit ami ? Mick, le voisin d’à
côté avec qui elle s’envoyait en l’air tous les vendredis soir
? Mick, le mécano macho qui la faisait fondre chaque fois qu’il
souriait ? Qui qu’il soit, Mason le haïssait.
— Mick
? répéta-t-elle avec une moue irritée. C'est Michaela, ma patronne
et ma meilleure amie.
Puis
elle plissa les lèvres.
— De
toute façon, ça ne vous regarde pas.
— Oh,
mais si, ça me regarde.
Mason
s’avança d’un pas en direction de la jeune femme. Elle le cloua
sur place d’un regard dur.
— Un
geste de plus, et je me mets à hurler, dit-elle.
Bon
sang, qu’est-ce qui lui prenait ? Il gâchait tout avant même
d’avoir commencé. Evidemment, personne ne lui avait dit que la
rencontre de son âme sœur le transformerait en gorille
agressif et maladroit. Il ne valait pas mieux qu’un adolescent
perturbé par ses hormones, incapable de voir au-delà du désir et
de la possessivité qui embrumaient son cerveau.
Et,
pour couronner le tout, il avait une subite envie de… d’apprendre
à la connaître. De tout savoir sur elle. Ce qu’elle aimait
manger. Sa couleur préférée. Les livres qu’elle lisait, les
films qu’elle regardait, ses bêtes noires, ce qu’elle faisait
pour s’amuser. Bref, cela ressemblait à s’y méprendre à une
envie d’aller au-delà de l’intimité physique et de se diriger
vers une relation plus approfondie.
Ce
qui ne le réjouissait guère, car il n’avait aucune idée sur la
manière de s’y prendre. Il était un Bloodrunner, nom d’un chien
— il n’avait pas le temps d’« apprendre à connaître » qui
que ce soit. Non qu’il ait vraiment le choix dans le cas présent.
L'importance de faire bonne impression à la femme avec laquelle il
était destiné à passer le reste de sa vie ne lui
échappait pas — ni le fait que, pour l’instant, il était en
train de tout gâcher en accumulant les impairs. Si Hennessey avait
été dans le coin, il aurait pu lui demander conseil ; l’Irlandais
s’y connaissait en stratégies de conquête féminine. D’un autre
côté, laisser ce don Juan traîner autour de la femme de sa vie
n’était sans doute pas une excellente idée. Quant à Burns, son
comportement en société était aussi primitif que celui de Mason.
Aucune aide à espérer de ce côté-là.
Apparemment,
il allait devoir se débrouiller seul. Et improviser, ce qu’il
détestait.
Il
prit une profonde inspiration et tenta d’adopter un ton détendu
qui signifiait « je suis un type cool, sympa, vous n’avez rien à
craindre de moi ».
— Ecoutez,
je suis vraiment désolé. Ce n’est pas ma journée, aujourd’hui.
Si j’allais vous commander autre chose à manger ? On pourrait
bavarder un peu.
Voilà,
c’était mieux, il avait réussi à sortir quatre phrases sans
passer pour un imbécile ni dire à quel point il avait envie d’elle.
Mais
l’expression de la jeune femme l’informa qu’elle n’était pas
convaincue.
Bon
sang ! Les choses allaient de mal en pis. Cela commençait même à
ressembler à un fiasco complet. Il essuya du revers du poignet les
gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Lisait-elle dans son
regard toute l’intensité de son désir… ou bien le prenait-elle
pour un cinglé ?
— Euh,
dit-elle au bout d’un moment, ce ne serait pas un gag, par hasard ?
— Un
gag ? Comment ça ?
—
Qu’est-ce
que j’en sais ? Pour une émission comique, peut-être ? Vous
travaillez à la radio ?
Piqué
au vif, Mason croisa les bras sur sa poitrine et foudroya la jeune
femme du regard.
— Est-ce
que je ressemble à un présentateur de radio ?
Elle
haussa délicatement les épaules et chassa une mèche auburn qui
voletait devant ses yeux.
— Aucune
idée. En tout cas, il faut que j’y aille.
Il
ouvrit la bouche pour essayer de la convaincre de rester, même si
aucun argument ne lui venait à l’esprit. Malheureusement, ce fut
le moment que Jeremy choisit pour intervenir.
— Je
te le répète, mec : elle ne mérite pas ça. Fous-lui la paix avant
qu’on ait vraiment des ennuis.
Sans
quitter la jeune femme des yeux, Mason murmura :
—
Impossible.
Du
coin de l’œil, il vit Jeremy plisser les yeux. Ilcommençait à
saisir la portée de ce que Mason disait… et de tout ce qu’il ne
disait pas.
— Bon
Dieu, Mason… Si tu veux bien dire ce que je crois, raison de plus
pour laisser tomber. Tu le sais. Tu ne peux pas prendre ce
risque, alors qu’on est sur le point de coincer Simmons et qu’il
nous surveille sans doute.
— Et
toi, tu sais très bien que je ne peux pas laisser tomber, rétorqua
Mason à voix basse.
— C'est
fascinant, tout ça, dit la jeune femme, mais je dois vraiment y
aller.
De
toute évidence, le comportement de Mason et sa conversation avec
Jeremy l’inquiétaient. Elle tendit son plateau au serveur qui se
manifestait enfin, et s’éloigna de quelques pas.
— J’allais
vous remercier de votre aide, lança-t-elle en se retournant, mais
c’est à cause de vous que je suis tombée. Enfin, merci quand
même.
—
Laissez-moi
une chance de m’expliquer. Je vous en supplie ! Je vous demande
juste de m’écouter. On peut s’installer ici, à une table…
Alors
qu’elle se détournait, Mason la rattrapa et lui prit le bras,
faisant attention à ne pas trop le serrer. Entre ses doigts d’une
force inhumaine, les os de la jeune femme lui parurent terriblement
fragiles, ce qui éveilla en lui un désir de protection.
— Je
dois retourner au travail, murmura-t-elle en essayant de se libérer.
Lâchez-moi avant que je sorte mon téléphone pour appeler les
flics.
— Je
suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire ça, dit-il
doucement.
Il
essayait de garder un ton raisonnable… normal… même s’il
savait qu’elle allait finir par avoir peur.
—
Je
vous jure que je ne vous ferai aucun mal, d’accord ? Mais il
faut absolument que je vous parle et, ensuite, que je vous fasse
sortir d’ici.
L'expression
de la jeune femme le fit tressaillir, et un terrible sentiment
d’échec s’empara de lui. Elle allait l’envoyer promener. Et il
la comprenait. A sa place, lui aussi aurait refusé de discuter avec
un dingue pareil.
— Il
faut que vous me fassiez sortir d’ici ? répéta-t-elle d’une
voix lourde de sarcasme. Et vous comptez m’emmener où, exactement
?
Il
sentait l’odeur de sa peur, et cela lui faisait horreur — il se
haïssait de ne pas arriver à lui rendre les choses plus faciles,
plus compréhensibles. Mais enfin, on ne pouvait tout de même pas
accoster une femme humaine en lui disant : « Hé, je sens à ton
odeur que tu es mon âme sœur, ce qui veut dire qu’on est liés
l’un à l’autre pour le restant de nos jours et qu’on
n’appartiendra jamais à personne d’autre. Ah, au fait, je suis
croisé de loup-garou, je suis probablement en train de me faire
filer par un salopard de rebelle que je suis chargé d’exterminer,
et j’ai absolument besoin de coucher avec toi. Le plus souvent
possible. » C'était le meilleur moyen pour récolter une gifle ou
un coup de pied entre les jambes. Et, à en croire l’expression de
la jeune femme, les deux étaient possibles.
D’une
voix aussi rassurante que possible, Mason ajouta :
— Je
veux vous emmener… n’importe où, mais vous ne pouvez pas rester
ici. Jeremy a raison, c’est dangereux. On ne peut pas prendre le
risque de vous laisser à découvert alors qu’un meurtrier nous
surveille.
Elle
le regarda comme s’il venait de lui annoncer qu’il était Elvis
Presley réincarné par des extraterrestres.
— Ecoutez,
si vous partiez et que vous me laissiez tranquille avant de vous
attirer de sérieux ennuis ?
— C'est
absolument hors de question.
— Vous
ne venez pas de vous échapper d’un hôpital psychiatrique, par
hasard ?
—
Classique,
lança Jeremy en éclatant de rire. J’ai hâte de voir la tête que
va faire ton vieux quand je vais lui raconter ça, Mase.
— Ecoutez,
tout ça est un peu trop bizarre pour moi. Pour la dernière fois,
lâchez-moi. Maintenant !
Mason
fit glisser sa main le long du bras de la jeune femme. Troublé par
la douceur de sa peau, il s’attarda un instant sur son poignet et
sentit son pouls s’emballer sous ses doigts. Elle avait peur. Sans
la foule qui les entourait, elle se serait enfuie en courant depuis
belle lurette. Elle s’était rassurée en se disant qu’il ne
pouvait rien lui arriver dans ce genre d’endroit, mais elle
commençait à changer d’avis.
— Je
sais que c’est bizarre à entendre, murmura-t-il, mais j’ai
besoin que vous me donniez une chance. C'est tout ce que je vous
demande. Si vous voulez à tout prix rester ici, laissez-moi
m’asseoir à une table avec vous et je vous expliquerai.
— Non.
Les
yeux verts étincelant, elle tenta de s’arracher à son emprise et
fit tomber le livre qu’elle avait coincé sous son bras. Mason vit
un bout de papier s’échapper d’entre les pages et flotter vers
le sol. D’instinct, il posa son pied dessus tout en cherchant
quelque chose à ajouter. Il avait tant de choses à lui expliquer, à
lui faire comprendre, pourtant il ne réussit à articuler qu’une
seule recommandation.
— Quoi
que vous fassiez, ne vous mettez pas à courir.
—
Lâchez-moi
tout de suite !
Elle
avait élevé la voix ; les clients les plus prochess’étaient tus
et les fixaient du regard. Mason sentit son ventre se contracter sous
l’effet d’une rage froide, et de quelque chose qui ressemblait à
du chagrin, mais il se força à lâcher le bras de la jeune femme.
Elle
recula à pas mesurés jusqu’à la porte. Puis elle fit volte-face
et se précipita au-dehors.
A
la seconde où elle posa le pied sur le trottoir, elle s’enfuit à
toutes jambes.