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samedi 23 mai 2015

La confrérie de la dague noire, tome 6.5: Father Mine


Il étudia les paupières, les petites joues rondes, la main serrée sur son col roulé, et réalisa soudain qu’elle avait besoin de lui. Pas seulement pour la protéger. Mais aussi pour l’aimer.



Zsadist est le plus sombre des Frères. Enlevé enfant à sa famille, il a vécu esclave durant des décennies. Après avoir craint de perdre sa shellane, Bella, durant sa grossesse et son accouchement, il a des difficultés à gérer la présence de sa fille, Nalla.
Et les cauchemars récurrents de son passé deviennent de plus en plus violents.

Bella est tiraillée entre son amour pour Zsadist, et ses inquiétudes maternelles. Ayant elle-même grandi sans père, sous la tutelle de son demi-frère Rehvenge, elle craint que l’enfant ne se sente repoussée et n’en souffre. Alors qu’elle décide de quitter la Confrérie, elle apprend que Zsadist a été grièvement blessé.




Z. fit un pas en avant...
Le plancher céda sous son poids et se fendit en deux sous lui.
Tandis que, de ses mains avides, la gravité s’emparait brusquement de lui et l’entraînait dans une chute libre, son unique pensée alla vers Bella. Selon ce qui se trouverait en dessous, ceci pourrait bien être...
Il atterrit sur un objet qui se brisa en mille morceaux sous son poids. Des éclats d’un matériau indéterminé tranchèrent le cuir de son pantalon et ses mains avant de rebondir et de lui infliger des coupures au visage et au cou. Il ne lâcha pas son arme, parce qu’il avait été entraîné ainsi, et parce qu’il se crispa des pieds à la tête sous la douleur.
Il lui fallut respirer à fond avant de retrouver ses esprits et d’estimer les dégâts.
Tandis qu’il se redressait lentement, il entendit tout autour de lui le tintement de bris de verre retombant sur un sol en pierre. Un rond de lumière tombait de la cave au-dessus de sa tête et Z. découvrit qu’il était assis au milieu de cristaux brillants et chatoyants...
Il était tombé sur un lustre de la taille d’un lit.
Et sa botte gauche avait fait un demi-tour sur elle-même.
—   Quel con !
Sa cheville cassée l’élança et il se prit à penser que, s’il n’avait pas regardé cette foutue jambe, il aurait continué à ne pas sentir la douleur. Rhage passa la tête au-dessus du trou aux bords déchiquetés.
—   Tu vas bien ?
—   Libère le civil.
—   Est-ce que tu vas bien ?
—   Une jambe touchée.
—   A quel point ?
—   Eh ben, je vois à la fois le talon de ma ranger et l’avant de mon genou. Et il est tout à fait probable que je me mette à gerber. (Il avala difficilement sa salive tout en essayant de convaincre ses haut-le-cœur de la mettre en sourdine.) Détache le civil et ensuite on s’occupera de me sortir d’ici. Oh ! et marche sur les rangées de clous dans le plancher. Les lames ne sont visiblement pas très solides. Rhage acquiesça puis disparut.

Alors que des pas lourds à l’étage libéraient des nuages de poussière du plafond, Z. fouilla dans sa veste et en sortit une Maglite. La lampe de poche faisait environ la taille d’un doigt mais elle pouvait projeter un faisceau aussi puissant que celui d’un phare de voiture.

Tandis qu’il éclairait la pièce autour de lui, sa douleur à la jambe diminua légèrement.

—   Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

C’était comme s’il se trouvait dans un tombeau égyptien. La pièce de douze mètres sur douze était remplie d’objets étincelants :ça allait de peintures à l’huile dans des cadres dorés à des chandeliers en argent, en passant par des statues serties de pierres précieuses et des tas entiers de vaisselle en argent fin. Et en face de lui se trouvaient des piles de boîtes qui contenaient probablement des bijoux, ainsi qu’une rangée d’environ quinze valises métalliques vraisemblablement remplies de billets.
Cet endroit servait à entreposer du butin et était rempli des biens volés pendant les attaques de l’été. Toute cette merde avait appartenu à la glymera. Il reconnaissait même certains visages sur les portraits.
Il y en avait pour un paquet là-dedans. Surprise, surprise ! Sur la droite, juste au-dessus du sol en terre battue encombré d’objets, une lumière rouge se mit à clignoter. Sa chute avait déclenché le système d’alarme.
La tête de Rhage réapparut au-dessus de sa tête.
—   Le civil est libre, mais incapable de se dématérialiser. Vhif est à moins d’un kilomètre d’ici. Mais c’est quoi ces trucs sous tes pieds ?
—   Un lustre. Et t’as encore rien vu. Écoute, on va avoir de la visite. Cette pièce est sous surveillance et j’ai déclenché l’alarme.
—   Y a-t-il un escalier pour y accéder ?
Suant de douleur, Z. s’essuya le front et il sentit cette saloperie froide et poisseuse sur le dos de sa main en sang. Alors qu’il éclairait la pièce de sa lampe, il secoua la tête.
—   J’en vois pas, mais il doit bien y avoir un accès, vu qu’ils y ont mis leur butin, mais c’était pas à travers ce plancher, ça j’en suis sûr et certain.
Rhage releva la tête et fronça les sourcils. Le bruit de sa dague lorsqu’il dégaina avait tout d’un hoquet de surprise métallique.
- Soit c’est Vhif, soit c’est un tueur. Traîne-toi à l’abri de la lumière pendant que je vais voir.
Hollywood disparut du trou dans le plafond avec, cette fois, des pas aussi discrets qu’un murmure.
Ne pouvant faire autrement, Z. rengaina son pistolet et se dégagea un passage parmi les éclats de cristal. Il prit appui sur sa jambe valide, se souleva et, telle une araignée, avança dans l’ombre jusqu’au signal d’alarme. Après avoir collé ses fesses pile contre cette foutue installation – c’était le seul espace encore libre parmi les entassements d’œuvres d’art et d’argenterie -, il s’adossa au mur.
Vu le silence qui régnait toujours à l’étage, il en déduisit qu’il ne s’agissait pas de Vhif et des gars. Et pourtant il n’entendait aucun bruit de lutte.
C’est à ce moment-là que la situation s’aggrava encore.
Le « mur» contre lequel il avait pris appui se déroba sous son poids et il tomba à la renverse, aux pieds de deux éradiqueurs aux cheveux blancs et à l’air passablement énervés.