—
Laisse-moi
y aller, il faut que je l'aide, je t'en
prie, supplia-t-elle
d'une voix brisée, habitée par la seule idée de rejoindre son
frère. Laisse-moi, Brody.
Parce qu’une
bande de loups enragés a désigné Michaela comme leur prochaine
victime, les membres du clan des Silvercrest ont chargé Brody Carter
de ramener la jeune humaine dans la forêt et de la garder sous sa
protection. Avec sa stature de géant et son visage barré de
cicatrices, Brody Carter semble peu désigné pour inspirer
confiance. Pourtant, dès le premier regard, Michaela, fascinée par
cet être sauvage au regard d’ambre, accepte de le suivre et de
s’installer pour quelques jours dans sa demeure. Commence alors une
étrange cohabitation entre la jeune humaine et son garde du corps.
Tandis que Brody entoure sa protégée d’une attention discrète,
Michaela se demande comment abattre les défenses de l’homme-loup
dont l’âme et le cœur semblent verrouillés. Comme si des
blessures secrètes l’empêchaient d’aimer et d’être aimé…
Sans conteste le
meilleur de la série. Bien meilleur que le quatrième tome.
Pourquoi ?
Parce que le
personnage de Brody est sans conteste le plus abouti. C'est un être
torturé par une enfance cruelle qui lui a laissé de profondes
séquelles et une incapacité à accepter sa relation avec Mickaëla.
C'est riche, fort, sexy. Tout ce que j'aime.
L'intrigue n'est
pas laissé de côté.
Tout y est pour
passer un agréable moment de lecture.
Je vous les
passages que j'ai préféré et vous le conseille vivement.
Désormais
les bloodrunners, leurs familles, leurs amis faisaient front face au
clan Silvercrest. Tout au fond d'elle-même, Michaela songea que
cette nuit serait pour tous une épreuve de loyauté. Il y aurait
ceux qui se dresseraient aux côtés des runners pour lutter contre
les déviants et ceux qui continueraient à nier la réalité,
soutenant aveuglément la loi du clan dictée par Drake, sans
accepter de voir le mal en lui. Pourtant la jeune femme pensait avant
tout à Max. Il avait l'air si mal en point, et tellement terrifié...
Michaela
tressaillit en voyant son frère s'effondrer sur le sol lorsque l'un
de ses gardes tira violemment sur sa chaîne. Elle serra la main de
Torrance à s'en blanchir les jointures... et l'instant d'après elle
s'élança en avant.
—Laissez-le
! hurla-t-elle, en courant dans la boue.
Elle
sentit une main puissante arrêter sa course, tandis qu'un bras
musclé s'enroulait autour de sa taille.
—Reposez-moi
au sol! s'écria-t-elle, incapable de détacher le regard de la
silhouette de son frère, à quatre pattes, tête baissée, le sang
coulant de sa blessure.
Aveuglée
par la rage, Michaela griffa le bras qui la retenait prisonnière.
—Arrête,
ordonna une voix grave à son oreille. Tu ne l'aides pas en
t'excitant comme ça. Je te donne ma parole qu'il survivra à la
cérémonie, mais tu vas devoir faire preuve de sang-froid.
—Vous
êtes des monstres ! cria-t-elle, rendue sourde par l'hystérie qui
l'habitait. Regardez ce que vous avez fait de lui! Comment avez-vous
osé?
Le
bras se resserra autour d'elle.
—Tais-toi,
ou ils vont vous tuer tous les deux. Je t'ai dit que je te donnais ma
parole, est-ce que tu as compris ? gronda la voix.
Elle
gémit en voyant l'un des gardes saisir Max par les cheveux et le
jeter à terre.
Autour
d'eux certains lycans grondaient, tandis que d'autres trépignaient
d'impatience.
—Repose-moi
par terre ! Je vais les tuer pour avoir osé lever la main sur mon
frère !
—Ça
suffit, grogna la voix à son oreille, ils te démembreront avant que
tu aies le temps d'arriver jusqu'à lui et je n'ai pas l'intention de
rester là à te regarder mourir.
Malgré
le brouillard de colère dans lequel elle se débattait, Michaela
reconnut enfin la voix. Brody.
Il
la tenait serrée, petite et frêle contre la masse immense de sa
poitrine. Il la tenait si fort que ses pieds touchaient à peine le
sol. Elle laissa échapper un long gémissement de désespoir et sa
tête bascula en avant, secouée de lourds sanglots qui lui
déchirèrent lu gorge.
— Laisse-moi
y aller, il faut que je l'aide, je t'en
prie, supplia-t-elle
d'une voix brisée, habitée par la seule idée de rejoindre son
frère. Laisse-moi, Brody.
Il
murmura quelque chose dans la chevelure de la jeune femme, son
souffle chaud contre son cou, et Michaela aurait juré avoir entendu
un mot, un seul...
Pourtant,
elle devait se tromper. La colère l'aveuglait, et la peur aussi.
Oui,
c'était forcément ça, parce que le mot qu'elle croyait avoir
entendu, c'était : jamais.
Brody
détacha son regard de la frêle silhouette de Max et contempla
Michaela, la peau douce de sa gorge puisant au rythme affolé de son
cœur. Brody avait la langue sèche et il lui semblait entendre le
battement sourd du pouls de la jeune femme sous sa peau pâle.
C'est
alors que, comme une évidence, des choses lui revinrent à l'esprit,
des faits qu'il avait perdus de vue dans le chaos des événements
récents.
Michaela
Doucet n'était pas une fille comme les autres. Elle possédait des
talents, des capacités, qui lui étaient pour partie inconnus. Il
lui sembla alors qu'il avait commis une terrible erreur en occultant
leur existence. Torrance lui avait confié un soir, après dîner,
qu'elle avait le don delire dans l'esprit de ceux avec
qui elle établissait un contact physique. Comme si elle avait le
pouvoir de jeter un coup d'œil par la fenêtre de leur âme,
d'apercevoir fugitivement leurs émotions, leurs sentiments.
Quel
abruti il faisait ! Il lui donnait la possibilité de s'introduire
dans sa tête en la tenant serrée comme ça contre lui, et c'était
bien la dernière chose dont il avait envie! Ses doigts desserrèrent
leur étreinte autour de sa taille fine et il fit jouer les muscles
de son bras, prêt à s'écarter d'elle. Mais au même instant Max
Doucet releva brusquement la tête et poussa un hurlement de terreur
qui résonna jusqu'aux confins de la nuit, comme jailli du ventre des
plus noirs enfers.
—Ça
fait mal, haleta Michaela d'une voix brisée.
Saisi
par un profond sentiment d'impuissance, Brody comprit que ce n'était
pas dans sa tête à lui qu'elle s'était
introduite. Non, elle était dans l'esprit de Max, elle partageait sa
peur... et même sa douleur!
—Il...
il a l'impression que quelque chose se fraie un chemin en lui à
coups de griffes, bredouilla-t-elle d'une voix hachée, le corps
secoué de spasmes entre les bras de Brody. C'est comme si...,
reprit-elle.
—Arrête
ça tout de suite ! gronda-t-il à l'oreille de la jeune femme en la
faisant pivoter sur elle-même. Sors de sa tête, Doucet ! Je ne veux
pas que tu restes là-bas.
Elle
se cabra et sa tête vint heurter la poitrine de Brody.
Au
même moment, Max s'effondra au sol, un masque de douleur déformant
son visage, tandis qu'un cri inarticulé jaillissait de sa gorge au
rythme des spasmes contre-nature qui agitaient son corps, amenant ses
muscles à la limite de leur résistance. La transformation avait
commencé et des formes improbables roulaient sous son épiderme
brillant de sueur. Le sang s'était mis à couler au bout de ses
doigts, là où des griffes effilées comme des rasoirs se frayaient
un chemin. Il releva la tête, cambra son épine dorsale et un son
rauque jaillit de son poitrail devenu plus massif, à travers la
gueule qui avait été sa bouche.
Michaela
tremblait entre les bras de Brody; des larmes roulaient
silencieusement sur ses joues. Une vive émotion traversa le runner,
lui arrachant une grimace.
Bon
sang! Il ne supportait pas de la voir pleurer.
La
nuit commençait à devenir agitée, elle aussi. Un vent mordant
s'engouffrait dans les branches, secouant les feuilles, couchant les
flammes des brasiers. Les rafales rabattirent ses cheveux sur le
visage de Michaela, mais Brody fut incapable de faire un geste pour
les chasser, tétanisé par l'effet conjugué de son parfum et de ses
larmes.
Il
savait que c'était sans doute la pire erreur de son existence, mais
il posa son autre main sur le ventre de Michaela, l'entourant
complètement de son corps massif, comme s'il pouvait la protéger
ainsi contre le monde entier. Elle tourna légèrement la tête et
enfouit son visage dans la tiédeur du cou de Brody. Sentant son
souffle haletant contre sa peau, il fut incapable de contenir
l'afflux de chaleur qui l'envahit brutalement.
Sentant
l'érection de Brody contre son dos, elle se figea, et le runner
ravala le grognement bestial qui avait failli lui échapper.
Il
s'arracha au spectacle tentateur du corps de Michaela et fut envahi
d'une vague de soulagement en constatant que la transformation de Max
Doucet était achevée.
— C'est
terminé, chuchota-t-il.
Cela
étant, il constata avec plaisir que le simple fait d'évoquer son
nom ne le mettait plus dans un état de manque profond. Il se
sentait... différent, comme si la jeune Cajun avait effacé toutes
les autres femmes de sa mémoire, comme si elle avait passé un grand
coup de peinture et ouvert en grand les portes de son âme.
Même
s'il n'arrivait plus très bien à se souvenir de ce que cela faisait
de faire l'amour à une femme, il se rappelait en revanche très
clairement la sensation d'être rejeté, balancé à la rue comme une
chose encombrante, une fois l'acte consommé.
Le
souvenir pénible passa sur lui comme un nuage masquant le soleil,
jusqu'à ce que l'astre reparaisse, enla personne de Michaela. Brody
étouffa un grognement, celui d'un homme tourmenté, mené aux
limites de la folie par le parfum douloureux de cette femme.
Le
désir qu'il avait d'elle était comme un océan en furie s'agitant
sous la surface de sa peau, malmenant sa bête intime sur ses flots
tumultueux, cette bête dont la faim insatiable le dévorerait pour
l'éternité.
Et
l'éternité, c'est long.
Il
ravala son impatience avec un soupir pesant, en l'entendant approcher
dans son dos. La pièce plongea dans un silence de mort.
— Brody,
tu trembles, qu'est-ce qui ne va pas? s'enquit-elle avec inquiétude.
Il
s'était attendu à ce qu'elle fasse la seule chose qui s'imposait, à
savoir l'éviter prudemment. Mais il apprenait peu à peu à
connaître Michaela, et découvrait que nos réactions étaient
imprévisibles.
—Tout
va bien, gronda-t-il en s'éloignant d'elle.
— Tu
mens.
Il
fit volte-face et marcha droit vers elle en ignorant autant que
possible la robe de coton bleu qui épousait si délicatement ses
formes.
—Mais
qu'est-ce que tu en sais ! grogna-t-il, d'une voix tendue.
Elle
le fixa d'un œil humide et plein de tendresse. Ses délicieuses
lèvres roses tremblaient légèrement.
—Je
ne voudrais pas être indiscrète, mais tu as une telle douleur dans
le regard aujourd'hui... Je crois que tu souffres.
De
toutes les choses qu'elle aurait pu dire, elle venait do lui balancer
celle qui pouvait l'énerver le plus.
—Alors
on va mettre les choses au clair, Doucet. Je me passe très bien de
ta foutue lecture d'émotions.
Michaela
eut une brève hésitation, mais elle avança d'un pas dans sa
direction, levant la tête pour soutenir son regard.
—Je
t'ai déjà dit que j'étais incapable de lire en toi.
Et
mon but n'était pas de te faire sortir de tes gonds.
—Je
suis parfaitement calme, rétorqua-t-il en prenant soin de conserver
un ton égal afin de ne pas attirer l'attention des badauds qui
passaient devant la boutique. Et je répète que tout va bien. En
fait mon seul problème, c'est cette fille devant moi qui ferait bien
de fourrer son nez ailleurs que dans mes affaires.
Elle
sembla blessée, déstabilisée par sa réponse, mais elle poussa
finalement un long soupir en secouant la tête. Bon sang, mais quel
crétin! Qu'est-ce qui lui prenait? Elle venait de traverser un chaos
émotionnel incroyable durant les dernières vingt-quatre heures, et
il ne trouvait rien de mieux à faire que de l'envoyer paître quand
elle essayait de se montrer gentille. Il aurait dû la réconforter,
la prendre dans ses bras, mais au lieu de cela il luttait de toutes
ses forces pour résister à cette tentation.
Elle
le regarda imbiber le linge blanc au milieu des volutes de vapeur qui
ne faisaient qu'ajouter au senti ment d'intimité de ce lieu exigu.
Il attendait qu'elle lui dise d'aller voir ailleurs si elle y était,
qu'elle était assez grande pour se débrouiller toute seule, cela
lui aurait permis de faire une sortie à peu près digne, mais,
lorsqu'il essora le linge chaud pour essuyer le sang sur ses lèvres
meurtries et qu'elle lui prit le poignet en disant : « C'est bon,
Brody, je peux m'en charger », il fit un signe de dénégation, lui
suggérant, sans un mot, de se montrer raisonnable. Elle poussa un
soupir et le laissa faire. Il épongea le sang aussi délicatement
qu'il put, frémissant à l'idée de ce qu'elle venait de subir, à
l'idée que son ex l'avait frappée.
—Tu
trembles toujours, murmura-t-elle d'une voix hachée, les yeux
baissés sur son torse.
Elle
avait raison. Toute sa musculature était encore sous tension et son
corps tout entier vibrait sous l'effort qu'il fournissait afin de ne
pas s'emparer sur-le-champ de l'objet de son désir. La seule partie
de lui qui ne tremblait pas était sa main, par peur de blesser la
jeune Cajun.
—Demande-moi
de sortir, gronda-t-il d'une voix qui n'était qu'un souffle,
l'expression pure de sa souffrance intérieure, demande-moi de te
laisser seule, Doucet.
Elle
fit non de la tête, le fixant de ses immenses yeux bleus comme un
ciel d'été. Il soutint son regard, le grondement du sang à ses
oreilles s'amplifiant de seconde en seconde tandis qu'elle se mordait
la lèvre. Son parfum de pêche et de crème enveloppait entièrement
Brody, riche, puissant, lui donnant le vertige. Il était ivre
d'elle, ivre de désir.
— Je
ne veux pas que tu partes, chuchota-t-elle en saisissant son menton
brûlant entre ses petites mains glacées, son pouce caressant la
ligne irrégulière d'une cicatrice.
Elle
le regarda et ajouta dans un souffle :
—Merci,
Brody.
—Pourquoi?
grogna-t-il, hypnotisé par la sensation de sa main sur sa peau.
—Merci
d'être là, de prendre soin de moi, susurra-t-elle avec une moue
timide.
Il
lâcha la serviette qui glissa sur le sol avec un bruit humide et
posa ses mains sur les épaules de Michaela, pressant le coton de sa
robe si frais sous ses doigts brûlants. Comme il luttait pour ne pas
la broyer, fou de désir, entre ses bras immenses! Sa poitrine se
soulevait et s'abaissait à un rythme régulier, mais il était
incapable de maîtriser le tempo erratique de son souffle. Il
constata avec horreur qu'il lui serait encore plus difficile de
canaliser son appétit charnel que de tenir la bête en laisse.
—Oh
Dieu, gémit-il dans un râle.
Chaque
fibre de son être vibrait, tendue vers un seul objectif : la
toucher, la parcourir. Il avait besoin de presser sa bouche contre sa
peau, dans ses recoins les plus humides, là où son odeur entêtante
serait la plus forte. Il fallait qu'il la pénètre, qu'elle devienne
sienne. Non, il devait résister. Il devait se battre contre
lui-même, il ne pouvait accepter cette terrible vérité que lui
hurlait pourtant son cœur.
—Ne
fais pas ça, Doucet.
—Faire
quoi? demanda-t-elle, les lèvres tremblantes tandis qu'elle
plongeait son regard dans celui de Brody, à travers le rideau soyeux
de ses longs cils.
—Demande-moi
de partir. Tout de suite. Crois-moi, tu n'as pas envie d'emprunter
cette route-là.
—Brody,
murmura-t-elle en lâchant son menton, ses doigts glissant le long du
sillon de ses cicatrices, laissant sa main descendre dans son cou,
jusqu'à son cœur battant la chamade.
—On
ne peut pas faire ça, haleta-t-il, alors que ses mains glissaient
sur les bras de la jeune femme, la saisissaient au-dessus du coude.
Comme
une sirène offrant son ventre à son amant, elle le laissa faire
encore un pas vers elle et écarta légèrement les jambes, le
laissant pénétrer dans son espace d'intimité,
Elle
ne le quittait pas des yeux, l'emprisonnant dans les rets de sa seule
volonté.
—Si,
on le peut, dit-elle, des larmes plein les yeux.
On
le peut si on le veut tous les deux. Est-ce que c'est ce que tu veux,
Brody? Est-ce que tu as envie de me toucher?
— Encore,
exhala-t-elle hors d'haleine en se mordant la lèvre.
C'en
fut trop pour Brody. Sa résolution s'évapora et il sut qu'il allait
la posséder. Comment aurait-il pu résister?
C'était
tout simplement impossible, il fallait se rendre à l'évidence. Il
glissa sa main entre les cuisses de la jeune femme et arracha la
culotte humide en étouffant un chapelet de jurons. Ses doigts
effleurèrent au passage la peau soyeuse du sexe de Michaela et il
faillit hurler de bonheur. Elle était excitée, moite, et c'était
la créature la plus douce qu'il ait jamais approchée de toute son
existence. Il glissa aussitôt deux doigts en elle, son pouce
caressant la chaleur de son clitoris.
Elle
poussa un cri de jouissance et il la força un peu plus profondément,
disparaissant entièrement en elle. Son sexe était doux et étroit,
autour de ses doigts gigantesques. Brody avait conscience de l'avoir
pénétrée avec trop de hâte ; c'était trop tôt. Pourtant elle ne
le repoussa pas. Elle s'agrippa à lui et il sentit ses muscles se
contracter autour de lui, submergeant ses terminaisons nerveuses
d'une vague de feu liquide.
Percevant
le battement rapide du cœur de Michaela, il accéléra les
mouvements de son pouce, enfonçant ses doigts encore plus loin en
elle, tout en les recourbant.
Elle
se raidit un instant, le souffle coupé avant de le serrer de nouveau
contre elle, tremblante, en proie à une excitation croissante. Brody
avalait chaque son, chaque tremblement de cette douce agonie qui les
mènerait à une extase absolue et les changerait sans doute tous
deux à jamais. Comme une vague de jouvence qui les laisserait
pantelants, haletants, lorsque le reflux aurait, tout emporté.
Il
en voulait encore plus. Il la voulait tout entière, il voulait la
posséder totalement.
—Doucet,
grogna-t-il, en faisant à peine bouger ses lèvres contre celles de
Michaela, tandis que la jeune femme se cambrait, chaude et vibrante
autour de ses doigts. Je veux que tu jouisses sur ma main, bébé. Je
te veux brûlante et mouillée. Vas-y, maintenant.
—Brody,
articula Michaela avec peine, affamée de ce membre massif et raide
qu'elle rêvait de tenir entre ses mains.
Elle
parvint à lui ôter son T-shirt sans interrompre leur baiser plus
que le temps d'un battement de cils, avant de le jeter au sol. Elle
lança alors ses mains à l'assaut de ce territoire de muscle qu'elle
venait de révéler, son large torse puissant aux muscles bien
dessinés et ses minuscules tétons bruns cerclés de quelques poils
la fascinaient, tout comme les veines proéminentes qui couraient
autour de ses gigantesques biceps.
Elle
fit courir ses doigts sur ses épaules massives et descendit le long
de son dos, étouffant un cri lorsqu'elle croisa le chemin des
cicatrices, souvenir du châtiment qu'il avait reçu pour avoir tenté
de sauver sa mère. Elles étaient plus profondes que celles qui
zébraient son visage et elle sentit son cœur se serrer à l'idée
des souffrances qu'il avait endurées... avant que le désir
n'emporte tout, une nouvelle fois.
Les
mains de l'homme sur sa peau, le goût de sa bouche étaient à nul
autre pareil. C'était sombre, intense, primitif. Il ne la touchait
pas dans le but de la séduire, il le faisait parce qu'il semblait en
avoir un besoin viscéral. Il avait faim d'elle. Ses perceptions
étaient saturées par la succession de décharges exquises qui
électrisaient chaque parcelle de son corps. Elle était une
naufragée dans un océan de sensations violentes et sublimes qui lui
donnaient envie d'aller encore plus loin avec cet homme. Elle avait
besoin de le toucher partout à la fois. Elle aimait la mâle source
salée de sa bouche à la légère saveur de café, sa peau tendue
comme une corde d'arc sur ses muscles d'acier.
Et
puis ces doigts incroyables qui la hissaient peu à peu vers des
sommets d'extase, faisant doucement rouler ses tétons contre son
pouce d'une main, tandis que l'autre était délicieusement enfouie
entre ses cuisses.
L'afflux
extatique devenait trop fort pour qu'elle puisse le contrôler, même
si elle aurait voulu le savourer encore un peu. Brody ne lui laissait
aucun répit. Il voulait qu'elle atteigne le plaisir et il savait
exactement comment la caresser pour y parvenir, à quelle vitesse
faire aller et venir ses doigts. La connaissance instinctive qu'il
avait de son corps la stupéfiait. C'était comme s'il savait
exactement comment faire pour l'enflammer tout entière; et il y
allait franchement. Il parvenait à révéler en elle tout un royaume
inexploré de sensations incroyables, qu'elle ignorait pouvoir
ressentir.
Elle
était en train de lui mordre les lèvres malgré elle, d'enfoncer
ses ongles dans la chair de ses épaules, elle voulait le posséder,
que leurs corps se mêlent... et soudain elle chavira. L'air lui
manqua et elle ouvrit la bouche sur un cri de jouissance muette. Elle
bascula la tête en arrière, tandis que des spasmes de plaisir la
secouaient, inondant son sexe, ses lobes d'oreilles, ses doigts et
ses pieds, ses yeux et sa gorge. Elle sentit la bouche de Brody
plaquée contre le flux torrentiel qui battait dans sa jugulaire et
l'effleurement sensuel de ses crocs acérés contre sa peau offerte.
A cet instant, elle sut qu'il allait le faire.
Il
était sur le point de la mordre.
Cette
certitude amplifia la puissance de son orgasme et elle poussa un cri
tout en enfonçant ses ongles dans la chevelure de Brody, l'incitant
à plonger son visage dans son cou. Elle en avait envie, elle
l'aurait supplié de le faire si elle avait encore été capable de
parler. Des étoiles scintillèrent sur la voûte de ses paupières,
la sueur coulant sur ses muscles tétanisés par le spasme.
C'est
alors qu'elle quitta son corps.
Elle
avait encore une conscience lointaine de la peau de Brody collée
contre la sienne. Elle le sentit qui retirait ses doigts de son
entrejambe, tâchant de dégager son visage du cou de la jeune
femme... qui ne le laissa pas faire. Elle refusait de le laisser
partir. Elle tomba, bascula dans l'esprit de Brody, en lui. Elle fut
effrayée par cette impression et fit son possible pour lutter, mais
elle continuait de sombrer et son pouvoir se déployait à mesure
qu'elle descendait... C'était comme si son corps flottait,
débarrassé de sa masse. Enfin elle se retrouva dans une clairière,
au beau milieu d'une forêt ; il faisait nuit. L'autre partie
d'elle-même était toujours dans le présent, assise sur le bord du
meuble, dans sa salle de bains.