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samedi 23 mai 2015

La Confrérie de la Dague Noire, Tome 4 : L'Amant Révélé - J.R. Ward



Ici, en privé, il pouvait laisser ses sentiments s’exprimer, aussi bien son amour douloureux que ce désir maladif qui refusait de le quitter.
Et aussitôt, sa fragrance de mâle dédié s’exprima sur sa peau. Il avait réussi à la retenir dans la voiture, trouvant qu’il était injuste de la marquer si elle ne voulait plus de lui. Mais ici ? Tout seul ? Aucune raison de se cacher.








Une guerre fait rage à l'insu des humains. Six vampires protègent leur espèce contre la Société des éradiqueurs. Ils sont regroupés au sein de la mystérieuse Confrérie de la dague noire. Butch O'Neal, ex-flic à la criminelle, est le seul humain accepté dans ce cercle fermé. Bagarreur de nature, il n'a pas la vie facile. Mais Butch se donne corps et âme dans la traque des éradiqueurs, au point d'être enlevé et torturé pour avoir sauvé un vampire. Laissé pour mort, il est retrouvé par miracle et la Confrérie fait appel à Marissa, l'amour de sa vie, pour le ramener. L'amour de Marissa suffira-t-il à le sauver du mal profond qui gronde en lui ?



Marissa ne comprit absolument pas pourquoi Butch l’entraîna jusqu’à la salle de bain au pas de course.

—       Butch ! Que se passe-t-il ?

Il se pencha sur le lavabo, força ses mains sous l’eau du robinet, et attrapa un pain de savon. Quand il se mit à la frotter, la folle panique de son visage atteignit ses yeux et durcit sa bouche.

—       Mais enfin, que se passe-t-il ici ?

Marissa et Butch se retournèrent en même temps vers la porte. Havers n’avait pas enfilé de scaphandre – et elle ne l’avait jamais vu aussi furieux.

—       Havers...

Son frère l’interrompit en l’attrapant par la main pour l’entraîner hors de la salle de bain.

—       Arrête – Aïe ! Havers, tu me fais mal !

Ce qui arriva ensuite fut si rapide qu’elle ne put tout suivre.

Soudain Havers… disparut. La seconde précédente, il la tirait par la main et elle se débattait contre lui, et la suivante Butch le maintenait écrasé face au mur.

La voix de Butch était franchement mauvaise quand il gronda :

—       J’en ai rien à foutre que tu sois son frère. Ne la brutalise pas comme ça. Jamais.

Il poussa son avant-bras contre le cou de Havers pour que l’autre comprenne bien.

—       Butch, laisse-le...

—       C’est bien clair ? gronda Butch.

Lorsque Havers haleta et hocha la tête, Butch le relâcha, marcha jusqu’à son lit et s’entoura les hanches dans un drap, calmement. Comme s’il ne venait pas de malmener un vampire.



En entrant dans la clinique, Vishous se dirigea tout droit vers la salle de quarantaine. Aucune infirmière ne tenta de l’arrêter, et lorsqu’il traversa le couloir, le personnel médical s’écarta au plus vite de son chemin.

C’était plutôt intelligent de leur part. Il n’était pas de bonne humeur.

La journée avait été un vrai gâchis. Il n’avait rien trouvé dans les Chroniques, rien qui approchait un tant soit peu de ce que Butch avait subi. Rien non plus dans les Traditions Orales. Et pire que tout, il avait le vague sentiment que le futur se réalignait, que le destin de certaines personnes se modifiait. Malgré ce que ses instincts annonçaient, il n’avait aucune vision de ce qui allait arriver. C’était comme regarder une pièce de théâtre sans que le rideau soit levé. Parfois, il avait un bref aperçu, une image à peine esquissée, il voyait un mouvement ou entendait une voix. Mais il ne comprenait pas l’ensemble, et ses cellules grises tournaient à vide.

Il traversa le laboratoire de Havers, entra dans le placard des accessoires, poussa la porte dérobée. Dans l’antichambre vide, il ne trouva que les ordinateurs et les moniteurs menant une veille solitaire.

Et il s’arrêta net.

Sur l’écran bleuté juste en face de lui, il vit Marissa sur le lit de Butch, couchée sur lui. Le flic avait les bras serrés autour d’elle. Il avait écarté ses genoux pour la caler entre eux et le couple ondulait d’un mouvement ample et régulier. Vishous ne pouvait voir leurs visages mais il était évident que leurs bouches étaient jointes, leurs langues collées l’une à l’autre.

Il se frotta la mâchoire, vaguement conscient que, sous ses armes et sa cuirasse de cuir, il avait drôlement chaud tout à coup. Seigneur… Voilà que la main de Butch remontait vers le cou de Marissa, soulevait la masse de ses cheveux blonds et caressait sa nuque du bout des doigts.

Le mec était sexuellement défoncé… et pourtant, il se montrait si doux avec elle. Si tendre.

Vishous pensa à ce qu’il avait vécu la nuit où Butch avait été capturé. Rien de doux vraiment. Mais aucun des deux partis concernés n’était venu pour ça.

D’un geste soudain, Butch roula sur lui-même avec Marissa, la faisant passer en dessous, puis il eut un mouvement des hanches – comme pour la prendre. La chemise d’hôpital s’ouvrit, découvrant le dos musclé et les reins puissants du mâle. Le tatouage, à la base de sa colonne vertébrale, ondula tandis que l’humain poussait ses hanches en avant, cherchant à pénétrer. Et alors qu’il frottait son énorme érection contre elle, les longues mains de la femelle se mirent à caresser son cul nu.

Lorsqu’elle y planta ses ongles, la tête de Butch se renversa en arrière pour pousser sans nul doute un gémissement rauque.

Seigneur… Vishous pouvait presque entendre le cri de Butch… Oui… il l’entendait. Et venue de nulle part, une étrange jalousie naquit en lui. Merde ! Où se plaçait-il exactement dans le scénario ?

La tête de Butch retomba dans le cou de Marissa, et ses hanches continuèrent leur danse érotique. Son épine dorsale ondulait, ses larges épaules se gonflaient, et tout son corps trouva un rythme qui fit que Vishous ferma d’abord les yeux. Puis plus du tout.

Sous son mâle, Marissa avait le corps arqué, les yeux clos, le menton renversé en arrière, la bouche ouverte. Elle était magnifique ainsi, les cheveux répandus sur l’oreiller ou emmêlés sur les biceps de Butch. Toute à sa passion, dans sa longue robe pêche, elle était comme un lever de soleil, une aube, une promesse de lumière et de chaleur… où Butch se prélassait en la caressant fiévreusement.




Elle se détourna et repartit vers la maison, d’un pas rapide. Et un invité apparut à la porte pour l’accueillir. Rehvenge.

Rehv… si puissant… si fort… si parfaitement capable de lui donner sa veine.

Marissa ne fit pas un autre mètre.

Butch bondit hors du 4x4, l’agrippa par la taille et la tira jusqu’à la voiture. Mais elle ne se débattit pas. Pas le moins du monde.

Il ouvrit le hayon pour la jeter quasiment à l’intérieur. Il entra avec elle et regarda Rehvenge. Les yeux violets du vampire étaient lumineux, comme s’il hésitait à intervenir, mais Butch lui jeta un regard noir et pointa du doigt sa poitrine, le signal universel entre mâles pour dire : « Reste où tu es mon pote, et tu garderas toutes tes dents. » Les lèvres de Rehv proférèrent manifestement un juron, mais il hocha la tête et se dématérialisa.

Butch sauta dans le coffre du 4x4, baissa le hayon et s’étendit sur Marissa avant que le plafonnier ne s’éteigne. C’était un peu serré à l’arrière, il avait les jambes tordues à un angle curieux, les épaules heurtèrent quelque chose, probablement l’arrière du siège. Mais il s’en foutait complètement, et elle aussi apparemment. Marissa s’offrait sans contrainte, enroulant ses jambes autour de ses hanches, ouvrant la bouche dès qu’il l’embrassa brutalement.

Butch se retourna pour qu’elle se retrouve sur le dessus, prit une poignée de ses cheveux dans son poing et l’attira contre sa gorge.

—       Mords, aboya-t-il.

Nom d’un chien. Elle le fit et pas qu’un peu.

Il ressentit une vive douleur quand ses canines tranchèrent sa veine et dès qu’il fut ainsi pénétré, son corps eut un violent soubresaut, ce qui ouvrit encore davantage sa chair. Mais c’était bon, c’était fantastiquement bon. Elle buvait à longues gorgées et la satisfaction de la nourrir l’enivrait presque.

Il passa la main entre leurs deux corps et posa sa paume sur son sexe brûlant. Elle poussa un gémissement, et il releva son autre main vers ses seins. Que Dieu la bénisse, elle rompit le contact assez longtemps pour enlever son chemisier et détacher son soutien-gorge.

—       Ton pantalon, dit-il d’une voix rauque. Descends ton pantalon. 

Elle se déshabilla avec des gestes maladroits dans l’espace confiné, tandis qu’il descendait sa fermeture et libérait son sexe. Mais il n’osa pas le toucher, il était déjà trop proche de l’explosion.

Entièrement nue, elle se mit à califourchon sur lui, ses yeux pâles et lumineux devenant presque flamboyants dans l’obscurité. Elle avait du sang – son sang ...sur les lèvres et il leva la tête pour l’embrasser, puis positionna son corps pour qu’elle soit à la bonne place. Il renversa la tête en arrière quand ils s’emboitèrent et elle perça à nouveau son cou de l’autre côté. Il leva les hanches et trouva un rythme si sauvage qu’elle dut se mettre à genoux pour pouvoir continuer à boire.

Un orgasme fracassant le fit rapidement exploser.

Et dès que ce fut fini, il était prêt à recommencer.

Et c’est ce qu’il fit.





(...)

Quand Marissa eut pris ce dont elle avait besoin, elle s’écarta de Butch et s’étendit à côté de lui. Il était sur le dos, regardant le plafond de l’Escalade, une main posée sur la poitrine. Sa respiration était encore rauque, et ses vêtements en désordre et tout froissés, la chemise remontée sur le ventre. Son sexe luisait sur son estomac plat, et son cou était à vif – bien qu’elle ait léché les entailles.

Elle l’avait utilisé avec une sauvagerie qu’elle n’aurait jamais cru posséder, sa soif de sang les précipitant tous les deux dans une folie animale et primaire. Et maintenant, après le choc, elle sentait son corps assimiler ce qu’il lui avait donné, et ses paupières étaient lourdes.

Si bon. Il avait été si bon.

—       Reviendras-tu me voir pour boire ?

La voix de Butch, toujours un peu rocailleuse, était cassée ce soir, presque au point de l’extinction.

Marissa ferma les yeux, la poitrine si douloureuse qu’elle avait du mal à respirer.

—       Parce que je préfère que ce soit moi plutôt que lui.

Oh… Ainsi ce n’était qu’un acte de possessivité vis-à-vis de Rehvenge, et elle n’avait rien à voir là-dedans. Elle aurait dû s’en douter. Elle avait bien vu le regard que Butch avait jeté à Rehv juste avant de monter dans la voiture. Il avait la rancune tenace.

—       Aucune importance, dit Butch en remettant son sexe dans son pantalon avant de remonter sa fermeture. Ça ne me regarde pas.

Elle n’avait rien à répondre, mais il ne sembla pas s’en soucier. Il lui rendit ses affaires, et ne la regarda pas tandis qu’elle se rhabillait. Et dès qu’elle fut couverte, il ouvrit le hayon.

L’air froid pénétra dans la voiture… et ce fut seulement alors qu’elle remarqua quelque chose. L’intérieur de la voiture sentait la passion et le sang – de lourdes et épaisses odeurs qui étaient attrayantes. Mais il n’y avait aucune trace de sa fragrance de mâle dédié. Pas une seule trace.

Elle ne put même jeter un seul regard derrière elle tandis qu’elle s’éloignait.


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